La manière la plus économique d´occuper un temps d´antenne est certainement le débat. On invite quelques individus en mal de publicité ou de célébrité, on leur jette sur le plateau un thème à rogner, et ils se jettent dessus avec délectation, avec détachement ou avec un ennui certain qui se déverserait à flots sur des téléspectateurs sollicités par ailleurs... Evidemment, le débat peut être intéressant s´il porte sur les préoccupations du citoyen (logement, santé, éducation, emploi), et s´il est mené par des parties qui sont en contradiction, c´est cela même le débat démocratique. Par contre, il y a des thèmes récurrents, qui, chaque année, sont repris à date fixe. Il s´agit de la rentrée des classes, du pèlerinage ou des débats à thème religieux. Les débats ayant pour sujet la littérature sont fort nombreux sur les ondes d´outre-mer, mais sont en général programmés à des heures impossibles. Seuls les débats qui tournent autour du sport-roi sont logés à des heures de grande écoute et attirent l´attention d´une foule de passionnés. Sur les chaînes étrangères, comme sur notre bien-aimée Unique, les débats sont fort nombreux, mais si dans les pays développés on équilibre les problèmes, au Sud on fait appel un peu plus à ce genre d´émission qui a l´avantage d´être didactique et... économique. Ainsi, le débat peut être rehaussé non seulement par la qualité des participants, mais aussi par la langue utilisée. Ainsi, moi qui suis nulle en arabe, je n´ai jamais pu suivre correctement et entièrement un débat où est utilisée une langue châtiée pêchée entre le Nil et l´Euphrate par contre ; je raffole des échanges en français puisque je comprends à peu près tout. C´est cette raison qui me pousse à éviter les débats sur l´Unique. Pourtant, vendredi, avec l´absence des autres chaînes satellitaires, j´ai suivi avec attention et curiosité un débat mené par le sympathique Cherif Maâmeri sur la ville de Blida. Et cette discussion s´est déroulée en berbère avec, bien entendu, un grand renfort de mots et d´expressions arabes et quelques formules en français. L´initiative est louable, certes, mais elle exige l´appoint de gens spécialisés dans l´histoire, dans un pays où les archives écrites les plus anciennes remontent à l´époque ottomane; c´est souvent la tradition, la légende qui vient au secours de l´Histoire. Mais c´est original d´avoir invité un herboriste, un historien et un musicien, tous Blidéens d´origine ou d´adoption. Ainsi, on a eu droit à des tentatives d´explication sur l´antiquité de Blida mais pas sur l´origine de son appellation. Avec l´herboriste, on a eu droit à un énoncé de toutes ces plantes aromatiques ou médicinales qui font la renommée de Blida. On a eu même droit à la recette du couscous aux 44 herbes. La carte postale sur Blida aurait été plus complète si, en plus des recherches sur son histoire, son architecture, on s´était un peu penché sur les problèmes qu´elle vit actuellement et que vivent d´autres cités. L´autre point positif réside dans le répertoire déployé par le chanteur chaâbi: on a eu droit à une chanson d´El-Anka en kabyle, ce qui est quand même une chose rare. L´Entv peut faire beaucoup d´économies en doublant en kabyle les nombreux documentaires qui pourrissent dans les rayonnages. Il y a de quoi alimenter une autre chaîne. Il suffit de traduire en langue de bois!