La sardine se vendait à 85, 80 voire même à 70 dinars le kilogramme hier matin à Alger comme au marché très populaire de Djamaâ Farès (ex-Djamaâ Lihoud) dans la haute Casbah. Une vraie aubaine pour les «petits» ménages qui trouvent en ce produit la seule alternative aux viandes rouges et même blanches qui atteignent des prix inabordables pour leurs petites bourses si ce n'est dans des cas exceptionnels. Un pêcheur-sardinier expliquait à un profane que cette baisse «est normale, vu que les sardines et le poisson bleu en général suivaient les courants chauds très fréquents notamment en cette période de réchauffement» relative de la température des eaux de la Méditerranée. L'autre point soulevé par ce «sardinier» est le manque crucial de dépôts frigorifiques de courte durée vu que la sardine est un produit qui ne peut être congelé comme d'autres espèces de poisson blanc notamment. La sardine ne peut en effet être conservée plus d'une nuit et sous glace seulement. Faut-il rappeler aussi que cette protéine du pauvre doit être absolument «liquidée» par le marchand avant midi de peur que la chaleur ne pourrisse la marchandise. De ce fait, les vendeurs se sentent obligés de brader les derniers casiers qui leur restent. Jadis, les agents de sécurité alimentaire, qui écumaient les marchés, versaient, dès midi, du grésil sur les cageots de sardines invendus pour les rendre impropres à la consommation et par là à la vente tout simplement. Ce rappel, presque nostalgique, vient d'un septuagénaire qui avait exercé dans ce métier en son temps de jeunesse. De nos jours, regrette-t-il, on rejette la sardine à la mer pour maintenir les prix, «du jamais-vu chez nous!» s'est-il exclamé dépité avec un hochement de têté significatif. Zemmouri, port de pêche réputé pour la sardine, voit ses quelque 90 embarcations destinées à la pêche de la sardine, immobilisés en partie faute de bancs suffisants pour mériter un déplacement rentable. Faut-il rappeler aussi que l'an dernier, lors de la montée en flèche de ce produit, les 50 sardiniers d'El Kala, employant quelque 600 marins pêcheurs, s'étaient adonnés à l'importation de ce produit depuis la Tunisie. N'a-t-on pas vu, en mai 2010, le débarquement dans le port d'El Kala de pas moins de 2400 casiers en plastique de sardines provenant de Tunisie, devant la rareté de cette marchandise en Algérie? Il est à signaler, toutefois, que la production halieutique a beaucoup baissé chez nous et de par le monde. Ainsi, en Amérique du Sud, nombre de conserveries de poisson, jadis prospères ont baissé rideau face à un manque de production drastique.