Les Frères musulmans et les islamistes égyptiens en général se préparent à confirmer leur avancée du premier tour Les salafistes ne permettraient pas à un homme et une femme de s'asseoir ensemble dans un lieu public. Les premiers résultats officiels des législatives égyptiennes publiés par la commission électorale confirment une percée des islamistes, toutes doctrines confondues. En effet, les listes des partis islamistes, dont les Frères musulmans, le parti salafiste Al Nour et le parti Al Wassat (islamistes modérés) ont remporté 65,25% des voix pour cette première phase des législatives marquant ainsi la rupture avec l'ère Moubarak, selon les données officielles. Les 498 sièges de l'Assemblée du peuple, la chambre basse du Parlement, seront attribués dans un processus électoral en trois phases, étalées jusqu'à la mi-janvier. Ainsi, le parti des Frères musulmans, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), a remporté 36,62% (3,5 millions de voix), s'en suit en deuxième position Al Nour 24,36% (2,3 millions) et le Wassat 4,27%, (environ 416.000 voix) en troisième position. Cette victoire des Frères musulmans en Egypte est certes attendue, mais voir l'ensemble des partis islamistes s'offrir les trois premières places, au cours de cette première phase des législatives organisées dans un tiers des gouvernorats, notamment les deux plus grandes villes du pays, Le Caire et Alexandrie, soulève moult questions dans les milieux politiques régionaux et internationaux. Cependant, le Bloc égyptien (laïcs), une coalition libérale a obtenu 13,35% (1,2 million de voix), alors que les libéraux sont les grands perdants de ce premier tour. Côté islamiste, il y a lieu de souligner qu'une rude bataille se profile à l'évidence pour ce deuxième tour, qui sera organisé le 14 décembre dans les mêmes circonscriptions du déroulement du premier tour, avec un duel attendu entre la confrérie des Frères musulmans et les salafistes du parti Al-Nour pour une partie des sièges attribués au scrutin uninominal. Forts de leur percée dans les urnes, les salafistes ont multiplié les déclarations en faveur d'un islam rigoriste, les salafistes peuvent encore rafler la mise durant le deuxième tour des législatives du fait que ces dernières se dérouleront dans des zones principalement rurales et pauvres, où les partis religieux ont un très net avantage et mieux enracinés. Des candidats des Frères musulmans feront donc face à ceux du parti salafiste Al Nour notamment à Alexandrie, deuxième ville du pays et à Damiette, dans le Delta du Nil, où ils étaient au coude à coude avec les salafistes qui ont créé la surprise par une percée inattendue. «Nous représentons un islam centriste et modéré, nous n'imposons rien par la force», a rassuré Mahmoud Ghozlane, porte-parole des Frères musulmans, appelant «à ne pas mettre tous les islamistes dans le même panier», en référence au parti Al Nour. C'est dire que la percée des salafistes qui a pris au dépourvu les Frères musulmans, lesquels se présentent comme «modérés», a semé la crainte dans les milieux laïcs et coptes (chrétiens d'Egypte). Nouveaux venus sur la scène politique, les salafistes ont créé la surprise, mais aussi des craintes en multipliant des déclarations plaidant d'ores et déjà pour un islamisme rigoureux en Egypte. Ainsi, Hazem Abou Ismail, cadre du parti salafiste, a estimé: «qu'il fout créer un climat pour faciliter» le port du voile, et dit que s'il était élu président, il «ne permettrait pas à un homme et à une femme de s'asseoir ensemble dans un lieu public». Sur les réseaux sociaux en particulier comme Twitter, ces prises de position ont provoqué de vives réactions. «C'est parti pour qu'on devienne un nouvel Afghanistan!», lançait un internaute. Par ailleurs, il est à noter que les élections à l'Assemblée du peuple, la Chambre basse, doivent avoir lieu en trois phases, du 28 novembre au 11 janvier 2012. Chaque phase consiste en deux tours de deux jours chacun, espacés d'une semaine. Les élections à l'Assemblée consultative, la Chambre haute, se tiendront dans la foulée, en trois phases également, du 29 janvier au 11 mars. Cependant, le scrutin présidentiel est censé se dérouler d'ici au mois de juin.