Quelque 109 millions d'électeurs sont appelés aux urnes L'opposition a d'ores et déjà appelé à la mobilisation dès aujourd'hui dans le centre de Moscou. Les Russes ont commencé hier à se rendre aux urnes pour une présidentielle qui devrait ramener au Kremlin l'actuel Premier ministre et homme fort du pays, Vladimir Poutine, dans une atmosphère de contestation inédite depuis son arrivée au pouvoir il y a une décennie. Quelque 109 millions d'électeurs sont appelés aux urnes depuis 8h00 locales à travers la Russie, le plus grand pays du monde qui s'étend sur neuf fuseaux horaires. Compte-tenu du décalage horaire, le scrutin s'est ouvert à 20h00 GMT samedi dans l'Extrême-Orient russe, les bureaux ont ouvert hier, dimanche, à 04h00 GMT à Moscou et le vote sera clôturé avec la fermeture des bureaux de Kaliningrad à 20h00 locales (17h00 GMT), à l'extrême ouest du pays. Selon les derniers sondages, l'ex-agent du KGB a nettement perdu en popularité mais reste crédité d'environ 60% des voix. Il pourrait donc l'emporter dès le premier tour comme lors de son élection pour ses deux premiers mandats de président en 2000 et 2004. Poutine avait laissé la présidence à son subordonné Dmitri Medvedev en 2008 faute de pouvoir effectuer un troisième mandat consécutif. A la tête du gouvernement, il est cependant resté l'homme fort du pays, et Medvedev a renoncé à se représenter, se désistant en faveur du retour de son mentor au Kremlin pour un ou deux mandats, portés de 4 à 6 ans, qui pourraient théoriquement le maintenir au pouvoir jusqu'en 2024. Le taux de participation paraissait forte hier matin, comme en Tchoukotka (Extrême-Orient), où environ 27% d'électeurs ont voté dans les deux premières heures malgré une température de -27 degrés Celsius. «Si le taux de participation est aussi élevé en Tchoukotka à 08h00 du matin, on peut s'attendre à ce que le chiffre soit très intéressant», s'est félicité le chef de la Commission électorale, Vladimir Tchourov. Le milliardaire Mikhaïl Prokhorov a été l'un des premiers à voter dans la région de Krasnoïarsk (Sibérie Orientale), selon des images de web-caméras, retransmises en temps réel sur le site officiel. «Je fais le choix d'une nouvelle Russie. Tout ne fait que commencer», a-t-il dit, selon l'agence Ria Novosti. Les quatre autres candidats, dont Poutine, devraient voter dans la journée à Moscou, de même que le président Dmitri Medvedev. L'opposition, qui juge le processus électoral faussé et dénonce par avance une victoire de Vladimir Poutine au premier tour, a d'ores et déjà appelé à la mobilisation dès aujourd'hui dans le centre de Moscou, au lendemain de l'élection. Les autorités policières ont d'ailleurs indiqué avoir mobilisé plus de 6000 policiers supplémentaires à Moscou. «Je ne conseille à personne de tester la résistance des forces de l'ordre à Moscou. Nous mobilisons des renforts et la raison pour laquelle nous le faisons est claire. Nous sommes prêts à assurer la sécurité», a déclaré vendredi le chef de la police de Moscou, Vladimir Kolokoltsev, cité par Interfax. Il a affirmé que la police avait repéré sur l'internet des appels à «s'armer de barres de fer, de manches de pioche et d'autres objets du même genre». Des manifestations ont rassemblé depuis décembre des dizaines de milliers de personnes dans la capitale, et des milliers dans les autres villes du pays, sous le slogan «La Russie sans Poutine». Les organisations pro-pouvoir ont de leur côté appelé au rassemblement de dizaines de milliers de leurs militants Place du Manège, près du Kremlin hier soir à Moscou.