Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, entame aujourd'hui une tournée qui, après Tunis et Le Caire, le conduira en Jordanie et en Israël, où le nucléaire iranien sera évoqué. Toutefois, les risques de contagion régionale du conflit syrien monopoliseront les entretiens. A Jérusalem, où il aura été précédé de quelques jours par Mitt Romney, le candidat républicain à la Maison-Blanche en quête de stature internationale, le patron du Pentagone évoquera avec son homologue Ehud Barak, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Shimon Peres les dossiers chauds de la région. «Manifestement, nous allons parler de l'Iran», confie un haut responsable américain de la Défense sous couvert d'anonymat. Les dirigeants israéliens, qui considèrent qu'une éventuelle bombe nucléaire iranienne met en péril l'existence d'Israël, agitent périodiquement la menace d'une opération militaire préventive. Washington de son côté continue de favoriser les sanctions et la voie diplomatique pour convaincre Téhéran de renoncer à son programme nucléaire controversé. Au cours des derniers mois, les rencontres entre responsables israéliens et américains de la défense se sont multipliées et cette nouvelle visite s'inscrit dans la «continuité de ces contacts très étroits», assure un autre haut responsable américain. Ils devraient également évoquer le conflit en Syrie, alors que l'Etat hébreu a dépêché des renforts sur le plateau du Golan et renforcé la sécurité le long de sa ligne d'armistice. Allié majeur des Etats-Unis, Israël bénéficie de trois milliards de dollars d'aide militaire américaine chaque année et Washington vient d'adopter une loi lui permettant d'avoir accès à davantage d'armes et de munitions américaines. En Jordanie également, la Syrie sera au coeur d'un entretien entre M.Panetta le roi Abdallah II. Amman, déjà préoccupé par le fardeau que représente la présence de quelque 140.000 réfugiés syriens sur son territoire, a récemment renforcé la sécurité le long de sa frontière avec la Syrie. Selon des sources proches du gouvernement jordanien, «des réunions quotidiennes sont organisées pour examiner la possibilité de déployer des forces spéciales (en Syrie, ndlr) si le régime syrien ne réussit pas à sécuriser ses armes chimiques et biologiques». Auparavant, Leon Panetta se rendra en Tunisie pour saluer la transition démocratique «relativement stable et pacifique», selon le haut responsable américain. Lors de ces discussions avec le président Moncef Marzouki, le Premier ministre islamiste Hamadi Jebali et son homologue Abdelkrim Zbidi, le ministre américain compte «esquisser la feuille de route de la future relation militaire», notamment afin d'aider à améliorer les capacités militaires tunisiennes en termes de planification et de bonnes pratiques. La nouvelle donne née des révoltes de 2011, sera également au centre de la visite du secrétaire à la Défense en Egypte, un allié des Etats-Unis depuis la fin des années 1970. M.Panetta y rencontrera le chef du Conseil suprême des forces armées égyptiennes (CSFA), le maréchal Hussein Tantaoui, à qui il rappellera l'engagement des militaires de transférer le pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu, selon le haut responsable américain. Il sera aussi reçu par le président islamiste Mohamed Morsi, engagé dans une épreuve de force avec les militaires. «Il s'agira simplement de faire connaissance et d'écouter ce qu'il a à dire sur sa conception du pouvoir», selon la même source.