Le MSP se trouve, pour la première fois depuis 17 ans, hors la sphère gouvernementale Belkhadem, Ouyahia et Soltani sont les personnes les plus «endommagées» par le changement du gouvernement. S'il y a des personnes à qui le dernier changement du gouvernement est préjudiciable, ce sont bien les secrétaires généraux du RND et du FLN, respectivement Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem qui n'ont plus aucun statut au sein de l'Exécutif. Les deux hommes, qui ont affiché leurs ambitions présidentielles, sont désormais en roue libre pour l'échéance de 2014 et en même temps, ils sont appelés à faire face aux crises internes que traversent leurs partis. Et c'est à juste titre que les contestataires de Belkhadem au sein du FLN et de Ouyahia au sein du RND ont salué leur éviction du gouvernement et promettent l'accélération des événements avec comme objectif principal: la destitution des deux ex-chefs du gouvernement de leur poste de premier responsable de parti. Le sort politique de ces deux hommes est-il scellé et leur fin à la tête de leurs partis respectifs est-elle si proche comme leurs contestataires le pensent? «On a évalué la situation et enregistré avec satisfaction l'éviction de Belkhadem du gouvernement. Cette décision nous facilite la tâche car Belkhadem, qui se cache toujours derrière le chef de l'Etat pour justifier ses dérives, n'a plus de couverture», a déclaré, hier, le porte-parole du mouvement de redressement du FLN, Mohamed Seghir Kara. Notre interlocuteur estime qu'avec cette éviction, les événements vont s'accélérer au sein de l'ex-parti unique et aboutiront, à coup sûr, à l'éviction de Belkhadem de la tête du parti. M.Kara explique: «Maintenant que Belkhadem a perdu la couverture du Président, puisqu'il ne fait plus partie du gouvernement, les choses ne se présentent plus de la même manière. Les militants vont nous soutenir sans conditions. La corde du mensonge est coupée et cette décision est, en partie, le résultat de nos luttes qui ont mis le personnage à nu en dévoilant son vrai visage.» Accusant Belkhadem d'avoir lié le parti à l'argent sale, l'ex-député de Bouira précise que «la bataille contre Belkhadem n'est pas conjoncturelle ni une fin en soi». Sans aucune couverture, le secrétaire général du FLN résistera-t-il aux répliques de la crise qui a failli l'emporter lors de la session extraordinaire du Comité central des 15 et 16 juin dernier lorsqu'il a usé de la force pour débloquer la situation? La même jubilation est observée par les contestataires du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, éloigné lui aussi du gouvernement. L'une des membres du Mouvement de sauvegarde du RND, Noria Hafsi, a indiqué, hier, que le départ de M.Ouyahia de l'Exécutif facilitera la tâche aux contestataires qui demandent son départ de la tête du RND. «Après son départ du gouvernement, il (Ouyahia, Ndlr) se trouve dans une situation délicate. Cette décision est une avancée pour nous car ceux qui avaient peur de représailles lorsqu'il était Premier ministre n'ont plus de raison d'observer la même attitude», a déclaré Mme Hafsi au téléphone. Misant sur l'aboutissement imminent de leur mouvement de contestation, notre interlocutrice a annoncé une rencontre régionale la semaine prochaine des wilayas de l'ouest du pays, qui sera suivie d'une rencontre de la région Centre. Rappelant que la rencontre de l'Est est déjà tenue, Mme Hafsi a ajouté que ces rencontres régionales seront couronnées par une «action nationale de grande envergure». Dans un communiqué transmis à notre rédaction, la commission nationale du Mouvement de sauvegarde du RND a dénoncé le recul du parti sur la scène politique nationale et la médiocrité des instances dirigeantes. Seulement, pour le cas de Ahmed Ouyahia, les observateurs avancent une tout autre thèse. Ils estiment que M.Ouyahia sera le candidat le plus potentiel à la présidence de la République «vu ses qualités d'homme d'Etat, d'homme de dossiers, d'homme de décisions et de personnalité politique forgée». L'autre parti qui sort affaibli de ce changement du gouvernement est le MSP qui se trouve, pour la première fois depuis 17 ans, hors la sphère gouvernementale. Si le MSP a décidé de ne pas faire partie de la composante de l'Exécutif, il demeure que la position de certains de ses cadres, comme le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, qui a accepté sa reconduction, prête à équivoque et cela participe à l'approfondissement de la crise du parti de Bouguerra Soltani.