Le seul leitmotiv des propriétaires de taxibus comme «le personnel», c'est la course effrénée au dinar. C'est scandaleux ! C'est hélas là le constat de tous les observateurs qui suivent de près l'évolution du phénomène des minicars urbains, apparus dès le début des années 90. Un constat qu'a ravivé hier le dramatique accident qui a coûté la vie à dix Algériens, qui ont trouvé la mort dans la chute dans la mer d'un bus Isuzu de transport urbain à Bologhine aux environs de 6h. Or, le transport, ne cesse-t-on de rappeler, est censé avant tout être un service public, notion finalement incompatible avec celle de gain et de lucre faciles. Néanmoins, force est de constater que le confort et le respect des clients est loin de constituer la priorité chez ces mercenaires de ce secteur, exigeant conscience et professionnalisme, qu'est le transport de voyageurs. Censé atténuer la crise qui minait le transport collectif des personnes en agglomération, ceux qui ont «investi» dans le créneau du transport urbain n'ont finalement fait que l'exacerber en versant dans l'excès contraire. Outre l'anarchie régnante qu'ils génèrent du fait de la concurrence sauvage qu'ils ont fini par installer entre eux, ces transporteurs de la dernière heure outrepassent tous les codes de la route existants: pic de vitesse en plein centre-ville, non-respect des arrêts, surcharge, improvisation d'arrêts sur autoroute, ramassage en deuxième position ou course poursuite avec véhicules bourrés de voyageurs. Que dire aussi des «receveurs, que l'on y emploie et qui ont à peine l'âge de travailler, encore une transgression de la réglementation du travail cette fois; accompagnée souvent par le lamentable spectacle de ces jeunes écouteurs de walkman incrustés dans les oreilles et qui encaissent frénétiquement l'argent du contribuable qui loue leurs services. A ce titre, nombreuses sont les personnes qui se plaignent des conditions désagréables dans lesquelles elles sont transportées; d'ailleurs, certains conducteurs se distinguent par un comportement méprisant vis-à-vis des passagers. Car en plus de bourrer les bus, ces conducteurs n'hésitent pas à faire descendre ceux qui ont l'idée de rouspéter ou de leur demander de ralentir. Face à ces graves atteintes à la dignité du citoyen, du citadin, d'aucuns n'hésitent à appeler de tous leurs voeux le redéploiement de vrais et authentiques professionnels à l'instar de l'Etusa, à Alger. Les accidents de bus, résultant de ces comportements irresponsables, aggravent ainsi l'ampleur de l'hécatombe routière qui place l'Algérie au premier rang mondial des pays où les accidents de la route sont les plus fréquents. Près de 4 000 morts/an, 3500 handicapés, 55.000 blessés et 40.000 accidents de la route recensés. Onze Algériens meurent chaque jour sur les routes. Ce sont là autant de chiffres qui font de l'Algérie l'un des pays les plus meurtriers du monde en ce qui concerne l'insécurité routière. L'on annonce une nouvelle loi qui, au cas où elle viendrait à être approuvée au sénat, pourrait sévir salutairement sur tous types de dépassements aux règlements qui, en fin de compte, font le lit de la mort en zone urbaine algéroise faisant de cette dernière la seconde zone meurtrière, à l'échelle nationale, après Sétif.