Les professionnels du bâtiment éprouvent toujours des difficultés à trouver le bon ouvrier Le choix de la nouvelle génération non diplômée est porté sur des métiers où l'effort, la salissure et la contrainte temporelle ne sont pas de mise. La rentrée pour la deuxième session de la formation professionnelle a eu lieu hier. Les 24 centres de formation professionnelle et l'institut (Insfp) que compte la wilaya de Béjaïa ont réservé plus de 3000 places pédagogiques toutes formes confondues. Plusieurs disciplines ont été proposées aux stagiaires pour acquérir un métier et pouvoir ainsi entrer de plain-pied dans la vie active. De toutes les formations préconisées, celles liées aux métiers du bâtiment demeurent le parent pauvre dans le choix des postulants. Certaines sections n'ont même pas trouvé preneurs. Même l'appel lancé par la formation professionnelle à l'endroit des opérateurs du bâtiment n'a pas encore reçu l'écho escompté. Il reste à espérer une évolution positive, sachant que l'opération est toujours en cours. L'Algérie, un pays qui offre de nombreux emplois dans le secteur du bâtiment à la faveur du million de logements au programme, connaît un déficit enregistré à travers, notamment certains métiers, considérés «aujourd'hui comme fondamentaux». Tant du côté des représentants du ministère de la Formation professionnelle que du côté des autres organismes. La nécessité de réhabiliter les métiers du bâtiment dans un contexte de relance du secteur du bâtiment et des travaux publics est ressentie depuis quelques années. En dépit des efforts de communication et de sensibilisation consentis, les métiers des bâtiments et des travaux publics en général sont boudés. Ce qui explique largement les 15% que le secteur du BTP emploie sur la totalité de la population active en Algérie. Face à cette situation, la main-d'oeuvre étrangère trouve son compte. Les Marocains, par exemple, ont une bonne réputation dans le métier de plâtrier. la politique de réhabilitation entreprise par les pouvoirs publics à travers des mesures avec, notamment l'accompagnement «des stages dans les entreprises avec des bourses mensuelles de 5000 DA», a permis d'attirer des jeunes. Cela reste insuffisant. Les professionnels du bâtiment éprouvent toujours des difficultés à trouver le bon ouvrier, plâtrier, électricien, peintre ou encore ferrailleur. «Des milliers de jeunes Algériens sont au chômage alors que les entreprises du bâtiment travaillent au ralenti ou sont carrément contraintes à l'arrêt momentané des travaux sur les chantiers, faute d'ouvriers qualifiés», commentait hier un entrepreneur, expliquant cette orientation forcée vers la sous-traitance avec des artisans qui monnayent fortement leur mission. «Nos jeunes préfèrent encore les métiers faciles, moins salissants», souligne un maçon qui trouve parfois lui aussi difficilement un ouvrier pour le seconder dans sa tâche. La comparaison est simple à faire au niveau du recrutement. «Lorsqu'on convoque un jeune pour lui proposer un métier d'ouvrier dans le bâtiment, la tendance générale est au refus», raconte cette employée dans une agence de recrutement. Le choix de la nouvelle génération non diplômée est porté sur des métiers de gardiennage, surveillance, accueil, la sécurité, et d'autres métiers où l'effort, la salissure et la contrainte temporelle ne sont pas de mise.