La police a arrêté hier un vice-ministre et proche du Premier ministre Morgan Tsvangirai, qui a rendu public le fait que des bulletins de vote au nom de Tsvangirai avaient été retrouvés dans une poubelle. «Vers 6H00 (locales, 04H00 GMT), notre vice-président national, l'honorable Morgan Komichi, également ministre-adjoint des Transports, a été arrêté chez lui par la police», a déclaré à Harare lors d'une conférence de presse Nelson Chamisa, membre du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), le parti de Tsvangirai. La porte-parole de la police, Charity Charamba, a confirmé cette arrestation qui intervient à trois jours des élections générales, prévues mercredi, mais n'a pas précisé les accusations portées contre M.Komichi. «Oui, il a été arrêté», a simplement déclaré cette porte-parole. M.Komichi avait apporté cette semaine à la Commission électiorale du Zimbabwe (ZEC) une enveloppe de bulletins de vote au nom de Tsvangirai, retrouvés selon lui dans les poubelles du Centre de conférence internationale d'Harare, où les membres des forces de sécurité ont voté à l'avance les 14 et 15 juillet. M.Chamisa a accusé la ZEC d'avoir exigé que M.Komichi soit interrogé et de se livrer ainsi à une «chasse aux sorcières», au lieu d'enquêter sur cette question de bulletins jetés. «Il est incontestable que vraiment, il s'agit d'authentiques bulletins de vote, et que ces bulletins ont été trouvés dans des poubelles, mais, bien sûr, ils veulent savoir qui est notre informateur», a dit M.Chamisa. «Nous pensons que c'est à la ZEC de répondre aux interrogations, et non à Komichi», a-t-il ajouté: «s'il y a une quelconque enquête, l'objet de cette enquête devrait être la ZEC». Les Zimbabwéens sont appelés aux urnes mercredi pour des élections générales. Pour la présidentielle, ils devront départager le président au pouvoir depuis 33 ans, Robert Mugabe, et son Premier ministre Morgan Tsvangirai. L'élection doit mettre fin au fragile gouvernement de cohabitation instauré en 2009, après la dernière présidentielle et sous la pression internationale, pour éviter une guerre civile dans le pays. M.Chamisa a réitéré ses craintes d'une élection «truquée». «Les développements dont nous sommes témoins démontrent clairement un manquement à la crédibilité de cette élection. En 2008, Tsvangirai avait obtenu 47% des suffrages, devançant Mugabe (43%). Aussitôt, les partisans du chef de l'Etat avaient déclenché une vague de violences, faisant quelque 200 morts. Face au risque d'embrasement, Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant le champ libre à Mugabe, dont il est devenu Premier ministre dans une cohabitation difficile.