Partenaires et donateurs de la Somalie se sont réunis hier à Bruxelles pour conclure un «New Deal» avec ce pays, visant à l'extraire des affres de la guerre civile et de l'extrême pauvreté. Le rendez-vous est une «reconnaissance des importants progrès» réalisés par ce pays de la Corne de l'Afrique pour se stabiliser et se redresser, a souligné le président de la Commission, José Manuel Barroso. La Commission, a-t-il annoncé, va débloquer 650 millions d'euros pour ce pays ces trois prochaines années, en sus du 1,2 milliard déjà dégagé depuis 2008. Le rassemblement de quelque 50 délégations d'Europe, d'Afrique et du Golfe, au côté de bailleurs de fonds internationaux, «est un signe de confiance internationale» dans les efforts du gouvernement somalien pour «construire la paix et ramener la prospérité», a encore relevé M.Barroso. Au total, l'UE espère mobiliser plus d'un milliard d'euros en faveur de divers projets, dont l'un vise à scolariser un million d'enfants, dans un pays où seuls quatre enfants sur dix vont à l'école. Co-organisateur avec l'UE, le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, a souligné sa détermination à «ouvrir un nouveau chapitre» dans l'histoire du pays, et à en refaire un partenaire international fiable. Il s'est félicité qu'avec le soutien européen, la piraterie qui a perturbé ces dernières années le trafic maritime au large des côtes somaliennes «a été réduite à presque zéro». Plus de la moitié de l'enveloppe européenne consentie jusque là, soit 697 millions, est allée au financement des missions de maintien de la paix ou de lutte contre la piraterie. La conférence doit déboucher sur l'adoption d'une feuille de route pour la mise en place d'un Etat de droit et le rétablissement d'une bonne gouvernance. L'objectif est d'axer le redressement du pays et de coordonner le soutien international autour de quatre «priorités la sécurité, la réforme judiciaire, la réforme des finances publiques et le redémarrage économique», a décliné le chef de l'Etat. Il s'est prévalu de ce que les grandes lignes de ce programme aient été dégagées à l'issue de consultations avec l'ensemble de la société somalienne. «Il est essentiel que la confiance soit rétablie entre les gens et ceux qui les représentent, entre les clans et les régions», a souligné en écho le président du conseil européen, Herman Van Rompuy. Mais les rebelles islamistes shebab, qui contestent le pouvoir central, ont dénié tout intérêt au processus. Les «milliards promis» resteront «le plus probablement impayés» ou alimenteront «la corruption» du gouvernement, ont-ils affirmé sur leur compte twitter, assimilant la réunion à une «gaufre belge: sucrée mais sans consistance». Après plus de 20 ans de guerre civile, qui ont fait fuir dans les pays alentour plus d'un million de réfugiés, le gouvernement somalien est confronté à «l'un des défis les plus difficiles au monde», a souligné la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Elle a affirmé que la conférence devait privilégié «l'investissement à long terme» dans la reconstruction de la Somalie. Ce pays a entamé un processus de reconstruction d'un Etat central avec l'élection en septembre 2012 de Hassan Cheikh Mohamoud. Mais malgré les revers infligés aux islamistes, qui ont perdu depuis août 2011 l'ensemble de leurs bastions du sud et du centre, le gouvernement peine à asseoir son autorité au-delà de la capitale Mogadiscio et de sa périphérie. Contrôlant toujours de grandes zones rurales, les islamistes multiplient les attentats. Le dernier qu'ils ont revendiqué a fait au moins 18 morts dans le centre de Mogadiscio le 7 septembre. Moins de 48 heures après son élection, ils avaient signé dans la capitale une tentative d'attentat contre le président, à nouveau visé pour son premier anniversaire au pouvoir par une embuscade tendue sur le parcours de son convoi le 3 septembre.