La grogne sociale monte en Tunisie où le ministère des Affaires sociales a constaté une multiplication des mouvements de grèves en octobre et en novembre, a indiqué dimanche l'agence d'Etat TAP. Quelque 83 préavis de grève ont été déposés en octobre et 56 entreprises privées et publiques ont été touchées par les débrayages, selon la même source, qui ne précise pas le nombre d'heures de travail perdues lors de ces mouvements sociaux. En octobre, dans l'administration publique, le taux de grève a atteint 17%, dans le secteur du textile (15%) et dans les industries métallurgiques, mécaniques et les services 12%. Les débrayages n'ont pas cessé en novembre. Les syndicats et des organisations de la société civile ont appelé à au moins deux grèves générales dans les villes de Siliana et Gabès (centre) pour mercredi. La première ville compte ainsi marquer l'anniversaire de la violenten répression de sa précédente grève, qui avait fait des dizaines de blessés à l'issue de trois jours de heurts avec la police. A Gabès, la population veut protester contre la décision du gouvernement de renoncer à y ouvrir un centre hospitalier universitaire. La grogne sociale en Tunisie est nourrie par la pauvreté, le taux de chômage (16%, 33 chez les diplômés) et l'inflation (+6% environ en 2013), des facteurs qui étaient déjà au coeur de la révolte de 2011. L'économie est restée en berne depuis, notamment à cause de la frilosité des investisseurs inquiets en raison de la profonde crise politique qui paralyse le pays depuis juillet et de la multiplication des violences prêtées à la mouvance salafiste. Deux secteurs clés, le tourisme et les phosphates sont particulièrement touchés, le premier en raison des tensions sécuritaires, le second à cause de mouvements sociaux à répétition paralysant les mines qui ne tournent plus qu'à 30% de leurs capacités depuis 2011. La Tunisie est aussi toujours privée d'institutions pérennes, faute d'accord sur la Constitution, près de trois ans après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Le gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda avait promis en octobre de céder le pouvoir pour relancer ce processus, mais faute d'accord entre Ennahda et ses détracteurs sur le nom d'un Premier ministre indépendant, la crise politique n'a pas été résolue. Des pourparlers sporadiques ont lieu depuis début novembre mais n'ont pas abouti jusqu'à présent