Le groupe, qui active dans la capitale depuis le début de l'année, agit avec la froideur et la précision d'un métronome. Après l'assassinat d'un troisième policier dans le quartier populaire de Belouizdad, ex-Belcourt, les services de police de la Sûreté nationale redoutent encore, «une poursuite de ces attentats ciblés contre des policiers, et dont l'objectif est de récupérer leurs armes». Le policier assassiné, avant-hier, dans le vieux quartier de «Laquiba», aux contreforts de Belouizdad, est en fait, un retraité de la police, et il est évident que le vol de son arme est bel et bien le motif de l'assassinat. Selon des témoignages recueillis auprès des riverains, deux jeunes hommes, âgés entre 20 et 25 ans, attendaient le plus normalement du monde, le passage du policier avant de passer à l'acte. Aussitôt abattu, à bout portant, de deux balles dans la tête, les deux jeunes ont aussitôt fouillé l'intérieur des poches de la victime. Selon certains témoins, l'arme a été subtilisée, alors que du côté des services de police, aucune information n'est venue confirmer ou infirmer ce vol. Ce «troisième acte» des attentats ciblés contre les policiers avec vol d'armes, est d'autant plus inquiétant qu'il commence déjà à esquisser le profil d'un groupe qui active dans la capitale, depuis le début de l'année et agit avec la froideur et la précision d'un métronome. Rappelons qu'il y a quelques semaines, deux policiers avaient été tués à bout portant, par deux jeunes hommes, toujours du même profil, âgés d'entre 18 et 22 ans, qui leur ont, aussitôt, pris les armes avant de prendre la fuite à bord de deux véhicules, qui les attendaient dans les environs. On s'en souvient à l'époque, la Dgsn avait lancé un appel à témoins qui n'a abouti à rien. Même si un portrait robot d'un des deux assaillants avait été dressé et un nom mis sur le portrait. Les riverains, témoins de l'attentat, ont parlé de jeunes hommes, habillés en Monsieur Tout-le-monde, avec jean's et basket et qui, confirment-ils, «ne sont pas du quartier et n'ont jamais été vus à Belouizdad.» La «même?» cellule fantomatique et inquiétante s'attaquera aussi aux repentis, «ex-communiés» par la direction du Gspc. Un premier repenti fera les frais de cette inquiétante incursion de l'Organisation dans la capitale et tombe, tué sur le coup, dans le quartier populaire de Badjarah. Quelques jours après, le 10 mars 2004, l'imam Abdennacer «Abou Hafs», un prédicateur célèbre pour avoir été un chef du GIA en 1992, est abattu de trois balles tirées à bout portant par deux jeunes hommes qui l'attendaient à sa sortie de la mosquée d'El-Harrach. Investir Alger et s'attaquer à des «cibles armées» pour prendre leurs armes est une première mission de cette cellule qui perfore les quartiers de la capitale comme du gruyère et passe d'Est en Ouest avec une facilité déconcertante. Collecte d'armes et assassinat de policiers et de repentis sont les deux missions dévolues à ce groupe opérationnel «non fiché, non répertorié et d'une efficacité déroutante». Les autres missions dont sera investie cette cellule ne sont pas encore claires, ni affichées, et c'est ce qui pose le plus de problème aux responsables de la sécurité intérieure.