L'Expression: Peut-on connaître le regard que porte l'Association Ksar Ghardaïa sur la crise qui secoue la ville? Nous sommes une association qui opère au niveau du Ksar Ghardaïa depuis plusieurs années. Parmi nos préoccupations majeures, depuis une année ou plus, c'est la présence d'un groupuscule d'individus qu'on peut qualifier de criminels. Ce sont eux qui sèment la terreur dans nos quartiers. Un groupuscule habitué au crime. Des individus qui font planer un sentiment d'inquiétude chez la population de Ghardaïa, qu'ils soient «arabes» ou mozabites». D'ailleurs, les deux parties s'en plaignent. Ce groupe ne cesse de provoquer les citoyens. Il y a certains quartiers où les habitants ont peur de circuler. Ils sont devenus les maîtres des quartiers. Ils se sont spécialisés dans le vol, le trafic de drogue et ont des ramifications dans toutes les institutions locales de l'Etat. Ils ont commis des vols de voiture, de locaux commerciaux, de motos...etc. Ce sont ces fléaux que nous combattons en tant qu'association avec l'aide de tous les habitants. Nous avons signalé aux services de sécurité que Ghardaïa, qui était une zone de transition de la drogue, est devenue une région de consommation de la drogue. Malheureusement, il y a eu une totale passivité. C'est donc ce groupe qui est à l'origine des affrontements qu'a connus Ghardaïa? Tout à fait. Le citoyen était jusque-là tranquille et menait une vie paisible jusqu'à ce qu'il se trouve confronté au diktat de la criminalité. Si les services de sécurité avaient anticipé, ou mieux, si ils avaient instauré une politique de prévention bien avant, nous ne serions pas dans cette situation. Ça a commencé le 23 décembre à travers de jets de cocktails molotov sur des habitations du quartier. Les habitants ne comprenaient pas si les auteurs de ces actes avaient été envoyés ou que ceux-ci étaient la cible d'un complot. Après les vols et délits, ces voyous sont passés, à une autre étape. Attaquer des habitations. Mais qui sont-ils ces gens? Ceux qui étaient derrière le déclenchement de ces événements sont très connus des services de sécurité. Ils sont environ une trentaine d'individus à avoir profité de l'opération de distribution de logements qui s'est pourtant déroulée dans les meilleures conditions pour commencer à provoquer et pousser au pourrissement. Ce qui était jusque-là un problème de sécurité, ils l'ont transformé en problème communautaire. Ici, il suffit de demander à n'importe quel habitant qui est à l'origine de ces événements. Il vous répondra que c'est une bande de trafiquants de drogue, de voleurs et des agresseurs. Ces individus ont-ils une appartenance ethnique spécifique ou appartiennent-ils aux deux communautés? Ces individus sont issus du quartier dit Hey El-Moudjahidine (un quartier à majorité arabe). Ils y habitent tous. Ce sont des individus qui inquiètent autant les Beni M'Zab que les Arabes. Même les habitants du quartier en ont marre. Ils les ont signalés à maintes reprises aux services de sécurité. Il faut savoir que tous les événements qui ont éclatés dans les différentes parties de la ville de Ghardaïa n'étaient pas possibles sans la manipulation et l'utilisation de ces groupes. Pourquoi spécialement Ghardaïa? Dieu seul le sait. En tout cas, ils ont exploité la passivité des services de sécurité. Qu'est-ce que vous attendez de l'Etat qui s'est montré disponible pour mettre un terme à ce conflit? Nous voulons qu'une enquête sérieuse soit menée à ce niveau justement et que l'Etat sévisse. Il faut nettoyer la région de ces groupes pour que Arabes et Mozabites retrouvent la paix. Les deux communautés n'arrêtent pas de se plaindre des individus qui sèment la terreur dans cette ville. Tant que la loi ne s'applique pas normalement pour protéger le citoyen du crime et de tous ces individus dangereux, ce sont les innocents et tout Ghardaïa qui payent. Avez-vous émis ces préoccupations aux responsables de la wilaya afin qu'il y ait un règlement approprié et définitif de ces événements? Ils savent que la réconciliation en ce moment n'est pas suffisante et ce n'est qu'une solution artificielle. Pour mieux comprendre ce qui s'est passé à Ghardaïa, il ne faut pas essayer de faire juste une lecture de ce qui se passe, mais plutôt de chercher dans les causes de cette situation. Il faut voir comment était Ghardaïa il y a six mois ou un an. Comment les habitants vivaient et voyaient le crime de leurs propres yeux. Comment ils regardaient les services de sécurité. C'est une grave crise de confiance qui s'est installée. Les mesures prônées pour calmer les esprits que ça soit à travers les indemnisations ou la distribution des terres ne sont qu'un traitement de forme pour la crise. Ces mesures ne régleront rien du tout. Le citoyen de Ghardaïa, avant qu'il demande une parcelle de terrain, avant qu'il demande quoi que ce soit, il demande surtout la quiétude, la paix et la dignité. Que les services de sécurité fassent leur travail, que les enquêtes soit menées correctement afin de nettoyer définitivement cette région.