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Un Français conteste le caractère "humanitaire" de Turquoise
GENOCIDE AU RWANDA EN 1994
Publié dans L'Expression le 08 - 04 - 2014

A Kigali, la capitale, les Rwandais ont débuté hier les cérémonies de commémoration du génocide de 1994
Ces déclarations interviennent le jour de la commémoration du 20e anniversaire du génocide de 1994, marquée par une nouvelle crise entre la France et le Rwanda.
Un ex-officier français engagé en 1994 au Rwanda a affirmé hier que
l'opération militaire française «Turquoise» lancée alors par la France sous mandat de l'ONU pour tenter de mettre fin aux massacres dans le pays n'avait eu que tardivement un caractère humanitaire. «Nous ne sommes pas partis pour une mission humanitaire, nous sommes partis pour une mission d'intervention militaire très classique en Afrique de l'époque où la France cherchait à imposer sa solution de paix», a jugé Guillaume Ancel, à l'époque capitaine de 28 ans, interrogé par la radio France Culture.
Ces déclarations interviennent le jour de la commémoration du 20e anniversaire du génocide de 1994, marquée par une nouvelle crise entre la France et le Rwanda, le président Paul Kagame ayant à nouveau accusé Paris d'avoir pris une part active dans les massacres. «Je suis parti avec l'ordre d'opération de préparer un raid terrestre sur Kigali (...).
Quand on fait un raid sur Kigali, c'est pour remettre au pouvoir le gouvernement qu'on soutient», a poursuivi Guillaume Ancel, qui était spécialisé dans le guidage des frappes aériennes. L'ex-militaire affirme avoir ensuite reçu, entre le 29 juin et le 1er juillet, un autre ordre, qui «était d'arrêter par la force l'avancée des soldats du FPR», le Front patriotique rwandais, l'ex-rébellion tutsie aujourd'hui au pouvoir au Rwanda.
Suivi vite d'un contre-ordre: «On nous a annoncé qu'en fait on avait trouvé un accord avec le FPR et que nous allions protéger une zone humanitaire», affirme Guillaume Ancel, qui a quitté l'armée en 2005 avec le grade de lieutenant-colonel.Selon lui, la France aurait ensuite continué à soutenir le gouvernement génocidaire rwandais et son armée en rendant vers la mi-juillet 1994 «à ce qui restait des forces armées rwandaises, les dizaines de milliers d'armes» confisquées par les militaires français dans la zone humanitaire.
«On a clairement été à l'origine d'une continuation des combats qui a duré pendant des années», a-t-il aussi affirmé en référence aux activités des soldats et miliciens hutus réfugiés dans la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre à l'époque) voisine.
Lancée le 22 juin 1994, «Turquoise» avait comme objectif officiel de protéger les populations menacées par le génocide et le conflit entre les forces du gouvernement rwandais, essentiellement hutu, et FPR, majoritairement tutsi. En une centaine de jours, le génocide au Rwanda a fait 800.000 morts, en très grande majorité des Tutsi, mais aussi des Hutus modérés.
En 2010, un ancien sous-officier de gendarmerie, membre des forces spéciales déployées au Rwanda en 1994, avait témoigné dans la presse sur «Turquoise» et exprimé son trouble sur cette opération.


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