Avec sa voix chaude, le monstre sacré du rn'b a mis la fièvre au sein du public. Une prouesse malgré l'âge... Le festival de jazz de Tabarka se poursuit dans la basilique drainant de plus en plus de monde acquis à ce festival qui en est à son 9e édition. Samedi 3 juillet, les Tabarkois ont eu droit en première partie de spectacle à un concert rafraîchissant en ces nuits chaudes de Tabarka. Un jazz surprenant, décalé mais fort original, servi par un trio autrichien. Une nouvelle génération de jazzmen talentueux maniant des instruments à vent, coquillage, armonium et calimba à même de produire des effets sonores multiples : bruissement de la nature, cris d'animaux polaires, sirène de bateau. Un jazz en tout cas moderne, créatif et inventif qui allie la recherche à l'humour décapant. Après s'être produit, il y a un an, à Alger, dans le cadre du mois culturel européen, le trio Bleu est ainsi invité chez nos amis les Tunisiens. «Space», leur jazz a dû surprendre plus d'un, par la palette musicale qu'ils arrivent à sortir de leurs instruments magiques ! Un jazz méditatif, planant, étonnant. Tabarka est aussi à l'honneur à travers cette pure composition intitulée Night in Tabarka. La musique de Bleu est un voyage dans les limbes mélodiques. Un concentré de fraîcheur et d'harmonie. Quand on parle de fraîcheur, il faut savoir que les organisateurs du festival, à sa tête le maire de Tabarka, ont pensé à tout pour faire de cet événement culturel soit un vrai moment de détente et de distraction pour le public tabarkois. Les sponsors, Nescafé et cette fameuse boisson gazeuse made in Tunisia : la Bouga, l'équivalent de notre Hamoud Boualem, est servie à volonté à tous les estivants du festival. En deuxième partie du concert, le public tunisien découvre sur scène le monstre sacré du r'n'b et ses musiciens : Billy Paul et ses deux choristes noires à la voix chaude et au souffle puissant vont faire un tabac. La fête bat son plein dès les premières notes de guitare, soutenue par la batterie que manie une belle Américaine black, sans oublier ce costaud de pianiste et cet Indien au clavier. Encensé, en France avec son titre Your song, qui est tiré de la compilation The best of Billy Paul, sa carrière a débuté dans les années 70. Billy Paul a débuté comme saxophoniste, pas étonnant sachant que ses références en matière de jazz proviennent essentiellement de Miles Davis. Aussi, dit-il : «J'ai découvert le jazz avec Charlie Parker.» Des musiciens avec lesquels il a eu la chance de jouer. Billy Paul est découvert à l'âge de 11 ans. Tout s'enchaîne pour lui. En 70, son premier album Ebony Woman, sort après des centaines de concerts en 20 ans. Son titre Me and Mrs Johns va booster sa carrière en lui valant un Grammy Award bien mérité. Un titre entonné par cette nouvelle génération amoureuse de cette légende vivante du r'n'b un peu dans la même lignée d'un Barry White. Lors de la conférence de presse animée après le show, Billy Paul, qui confiera que la musique est toute sa vie, rendra hommage à un autre monstre sacré du monde de la musique, Ray Charles, disparu récemment. Billy Paul, dont la femme est le manager, fêtera ses 39 années de mariage sur scène en soufflant sur la bougie d'un gâteau, un moment fort émouvant, rehaussé d'autant plus par le «joyeux anniversaire» entonné à l'unisson par un public resté debout quasiment tout le long du concert pour pouvoir danser et profiter allègrement du concert. I will survive, Purple rain de Prince ou encore Can't leave without you sont les quelques standards interprétés avec force, beaucoup d'élégance et de swing par Billy Paul ou encore sa fidèle choriste noire, Cherley Lay. Un moment intense en musique et en sentiments. Billy Paul nous le certifie : «Je suis quelqu'un de romantique.»