Contrairement aux rumeurs, le nouveau chef d'état-major est plus jeune que son prédécesseur de plusieurs mois. L'homme, qui a toujours évolué à l'ombre d'officiers très médiatisés, à l'instar de Mohamed Lamari, dont il était l'adjoint en occupant le poste de chef des forces terrestres, Ahmed Gaïd Salah, nouveau chef d'état-major, est mal connu par le grand public, mais aussi par de nombreux spécialistes des questions militaires algériennes. Ainsi, une «contre-vérité», acquise comme axiome, lui colle à la peau depuis des années. Aux yeux de tous, il serait âgé de plus de 70 ans. Or, tiennent à démentir des sources très crédibles, «Gaïd Salah est né en 1940 et n'est donc âgé que de 64 ans». Mieux, il est même plus jeune de quelques mois que son prédécesseur, le général Mohamed Lamari. Si le successeur de ce dernier se fait appeler «Ammi Ahmed», c'est surtout en souvenir de son ancien nom de guerre, mais aussi, nous dit-on, de l'affection que lui vouent l'ensemble des officiers qui ont eu à le côtoyer en travaillant sous ses ordres ou en collaboration avec lui. Partant de ce postulat de base, des analystes, qui estiment que le nouveau chef d'état-major ne serait là que pour gérer les affaires courantes pour une période transitoire de deux mois, en attendant le 1er Novembre, et un nouveau mouvement au sommet de la hiérarchie militaire. Les arguments à l'appui de cette thèse ne manquent certes pas. Le premier, c'est que si Bouteflika a résolument décidé de prendre le contrôle de l'ANP afin de la soumettre textuellement aux principes constitutionnels, il ne pouvait compter, dans cette difficile et historique tâche, que sur le seul officier qui soit capable de rassembler les rangs afin de traverser cette phase relativement difficile dans la vie d'une institution qui, depuis la naissance de l'ALN, a toujours fait de la politique. Mieux, Gaïd Salah, qui a longtemps occupé le poste stratégique de chef des forces terrestres, a fait les grandes écoles militaires, et jouit d'une bonne expérience sur le terrain, ce qui le place en pole position pour parachever le processus de professionnalisation de l'ANP. Bouteflika qui, à travers ces nominations, obéit à une démarche voulant toujours faire d'une pierre plusieurs coups, ne s'est pas contenté de désigner l'homme requis pour ce poste en cette période cruciale. En effet, Gaïd Salah fait partie des quelques hauts officiers à avoir soutenu, discrètement certes, la candidature du président, pour un second mandat. Ainsi, les observateurs, qui savent que le désormais nouveau chef d'état-major de l'ANP ne se départira pas de sa discrétion habituelle, comme le commande du reste les lois de la République, sera au contraire un soutien et un allié précieux pour la présidence dans sa démarche portant réorganisation de tout l'édifice institutionnel.