Journée sanglante hier en Irak où plusieurs hauts responsables ont été tués ou fait l'objet de tentatives d'assassinat. L'Irak a connu lundi et hier une spectaculaire recrudescence de la violence dans des accrochages entre l'armée d'occupation américaine et la guérilla irakienne d'une part, des meurtres et tentatives d'assassinats de hauts responsables irakiens d'autre part. Ainsi, le gouverneur de Bagdad, Ali Al-Haïdri, a échappé hier matin à une tentative d'assassinat alors qu'il se rendait à son lieu de travail. M.Al-Haïdri est finalement sorti indemne de cet attentat à l'explosif qui a fait néanmoins deux morts parmi son entourage. A Mossoul, chef-lieu de la province de Ninive, le fils du gouverneur local n'a pas eu la même chance que M.Al-Haïdri en se faisant tuer par des inconnus. Le jeune Leith Doureid Kachmoula, 19 ans, atteint de plusieurs balles est mort sur le coup. Au début de ce mois, le siège du gouvernorat de Ninive à Mossoul a été attaqué au mortier rappelle-t-on, de même que le prédécesseur de M. Kachmoula, l'actuel gouverneur, avait été assassiné en juillet dernier. Par ailleurs, le directeur adjoint de l'hôpital de Bagdad a été tué hier par balle. A Sadr City, banlieue populaire chiite de Bagdad, les combats se poursuivaient hier encore entre les forces d'occupation américaines et les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr. Le bilan s'établissait, hier, entre les combats de lundi et ceux d'hier matin à 40 morts et 172 blessés montrant ainsi, l'intensité des combats qui se déroulent à Sadr City. Cette recrudescence de la violence est également marquée par le nombre élevé de soldats américains tués ces dernières 48 heures et estimé à onze morts dont sept tués lundi dans un attentat à Falloujah à l'ouest de Bagdad. D'ailleurs, suite à cette opération de la guérilla, l'aviation américaine avait copieusement bombardé Falloujah et ses environs. Dans cette même région, des miliciens de la guérilla ont abattu lundi un drone (appareil de surveillance sans pilote) de l'armée américaine. Les onze morts de lundi et d'hier, portent à 992 le nombre de soldats américains tués en Irak depuis l'invasion du pays par les forces de la coalition américano-britannique en mars 2003. Deux communiqués du groupe Abou Moussab Al-Zarqaoui, revendiquent les différents attentats et opérations de ces derniers jours contre les forces combinées irako-américaines, indiquant dans le premier diffusé lundi que des membres du groupe «ont mené une opération martyre contre un rassemblement de soldats du tyran américain et des mercenaires apostats de l'armée irakienne faisant dix tués». C'était lundi dans la région de Falloujah qui a vu la mort de sept soldats américains et de trois gardes nationaux irakiens. Le second communiqué, daté dimanche, fait état de deux opérations martyres contre des soldats américains et des policiers irakiens, faisant selon le communiqué «plus de 50 morts et plus de 60 blessés» dans la région de Latifiya, objet lundi d'une vaste offensive de l'armée américaine et de la Garde nationale irakienne, lesquelles ont procédé à l'arrestation de plus de 500 personnes. Cependant, le nombre de morts indiqué par le communiqué du groupe Al-Zarqaoui n'a été confirmé par aucune source. La dégradation de la situation sécuritaire en Irak semble avoir eu un impact direct sur le sort des deux journalistes français détenus par l'Armée islamique en Irak, laquelle aurait posée trois conditions pour libérer ses otages, exigences qui sont, outre une demande de rançon de 5 millions de dollars, l'acceptation par Paris «de la trêve (proposée à l'Europe en mai dernier) d'Oussama Ben Laden et l'engagement de ne pas (entretenir des liens) militaires et commerciaux avec l'Irak». Toutefois, les observateurs restent sceptiques et estiment que ces demandes ne ressemblent pas au style usité jusqu'ici par ce groupe islamiste. De fait, le communiqué diffusé lundi en soirée n'a pu être authentifié. Aussi, les Français s'accrochent-ils toujours à l'espoir d'une issue heureuse à cette crise des otages, le chef de la diplomatie française, Michel Barnier, renouvelant à l'occasion sa disponibilité à se rendre à Amman à «tout moment».