«Nous soutenons le programme de M. Bouteflika sans aucune réserve.» Contre toute attente, le FLN temporise à se prononcer sur les amendements que le gouvernement compte introduire dans le code de la famille. «La question mérite beaucoup de réflexion», nous a déclaré M.Belkhadem, principal animateur du parti. La même réponse ou presque, a été apportée par l'ensemble des députés apostrophés à ce sujet. A se référer aux décisions politiques prises par le FLN, du moins les redresseurs, avant et après le 8 avril, sa position concernant la réforme du code de la famille ne prêterait normalement à aucune équivoque. Le leadership de l'ex-parti unique avait beau dire: «Nous soutenons le programme de M.Bouteflika sans aucune réserve». Le serment a été fait tout en sachant que l'une des priorités du chef de l'Etat était l'amendement du code de la famille. A quel objectif obéit donc cette tergiversation? Pour M.Dadouaa, chef du groupe parlementaire du FLN, «il est trop tôt pour en parler». «Tant que ce code n'est sur le bureau de l'APN, nous n'avons aucun intérêt à en faire cas», a t-il poursuivi. Une réplique peu convaincante, étant donné qu'une grande partie de la classe politique et même de la société civile, oeuvrent dans un sens ou dans un autre, afin de peser sur le devenir du nouveau code. Plus objectif, le député Mourad Boutadjine reconnaît que la logique des choses voudrait que le «FLN approuve ce code à polémique». Les atermoiements, selon lui, seront à renvoyer à la «nécessité de débattre du sujet au niveau interne pour sortir avec un consensus qui sera la position officielle de notre formation». Plus explicite, Boutadjine admet que «les avis peuvent diverger même entre nous». Et c'est en fonction de cette probabilité qu'il considère «impérative» la tenue d'une réunion interne «où la minorité devra accepter le choix de la majorité». Une nouvelle orientation par laquelle Belkhadem veut y réimprimer la prédominance de la majorité et mettre un terme aux déclarations individuelles, lesquelles, en s'amplifiant, créent la confusion et la zizanie comme il en était au summum de la crise des légalistes contre les redresseurs. En dépit de la retenue -intrigante dans une certaine mesure- du parti majoritaire au parlement, il est peu plausible qu'il emboîte le pas au parti islamiste comme l'ont suggéré certains de leurs députés, à l'image de Fateh Guerd (MSP) et Lakhdar Benkhelaf (El Islah). Les deux hommes ont affirmé publiquement que le FLN rejoindrait le courant islamiste qui se démène à se dresser en palissade contre le nouveau code. Foncièrement attaché au principe de la stabilité gouvernementale, la première force politique du pays ne manifeste nul signe de frilosité à appuyer les chantiers de réformes engagés par le président de la République. Le recul affiché par rapport à cette polémique houleuse pourrait être dû à une échelle de priorités pressantes. Car après la vague de déstabilisation qui l'a secoué, le FLN a beaucoup perdu de son sens d'initiative pour se consacrer exclusivement à remettre de l'ordre dans la «maison». Cela d'une part. D'autre part, un consentement prompt aurait un effet catalyseur sur l'effritement de l'Alliance présidentielle, dont M.Bouteflika a toujours besoin. Une délicate posture où le soutien de l'un provoquerait la rupture avec l'autre.