La date de 2 octobre paraît très proche pour permettre une reprise sereine. Les responsables du ministère de l'Enseignement supérieur en coordination avec les directeurs régionaux ont exagérément ceinturé le débat entre le lit et le repas, oubliant qu'une cacophonie paralysante règne sur le plan pédagogique. Les contraintes sont de taille: insuffisance des enseignants, surcharge des amphithéâtres et un immense ajournement de l'affichage des examens de rattrapage. Dans certains instituts, les administrations font dans la supplication. «Nous invitons les enseignants à afficher avant le 27 septembre les résultats des examens de rattrapage». Cette affiche a été encore accrochée hier à l'institut des sciences de l'information et de la communication de Ben Aknoun. Peine perdue. Des dizaines d'étudiants y attendaient désespérément d'être fixés sur leur sort. Cette frange d'universitaires qui n'a pas pu avoir les résultats exigés en session normale ne pourra sans nul doute rejoindre les salles de cours dans cinq jours. Une partie qui est loin d'être minime, du passif de l'année universitaire 2003-2004, reste à apurer. L'université algérienne vit dramatiquement pour la énième fois le décalage entre le discours et les actes. Si les engagements de la tutelle étaient respectés fermement, tous les anciens bacheliers auraient repris graduellement les cours depuis le 22 septembre. Rien de tel. Les étudiants qui tiennent à se présenter quotidiennement aux facs où ils sont inscrits ne font que les cent pas du matin au soir sans pouvoir se renseigner sur la date de la reprise effective. Ils ont appris - à force de vivre les affres de la négligence administrative - à s'accommoder de l'imprévisibilité et de la précarité. Il faut admettre - et cela va de la reconnaissance des observateurs du secteur- que si les standards les plus élémentaires sont respectés, rares les années universitaires qui seraient validées. A des exceptions près, seulement 60% ou moins du programme établi initialement est respecté. Cette incapacité de la tutelle à honorer un agenda arrêté des mois à l'avance donne sérieusement matière à réflexion au sujet du recrutement d'enseignants étrangers. Alors que nos enseignants se débattent dans des situations catastrophiques en l'absence des moindres commodités, tels le logement et un statut convenable, Américains et Européens trop exigeants sur le plan matériel sont avancés comme la solution adéquate au déficit enregistré dans le corps enseignant. Et il est un secret de polichinelle que l'Algérie n'est pas apte à répondre à des besoins de cette nature, spécialement dans l'immédiat. Les universitaires encaisseront, sans en être coupables, les retombées du laisser-aller des sphères dirigeantes. Les contrariétés liées aux bibliothèques sans ouvrages nécessaires à la recherche scientifique, des emplois du temps non étudiés, l'insalubrité, l'inexistence de structures sanitaires... sont accessoires comparativement aux deux problématiques susmentionnées.