Marine n'est pas dupe. Elle sait que ce sont ces «détails» qui lui ont causé beaucoup de torts et que si elle arrive à passer une couche de vernis sur les propos de feu son (politiquement) père, elle peut prétendre à une sérieuse chance. Lorsqu'Omar décéda en 2009, il légua à son cher fils aîné, Ali, beaucoup de biens. Rien que la partie identifiée est estimée à plusieurs centaines de millions d'euros. Il lui laissa aussi une République et, pour couronner le tout, un peuple. Merci papa! Après six ans de règne sans mot dire, le fils décide ne plus avoir besoin des biens de son père. Il se tient debout devant le micro, essuie sa gêne, arrange sa veste et son verbe et déclare céder l'héritage à son pays et à la jeunesse de son pays. Le choix est donc fait et il n'est pas mal. Alors là, pas du tout car lorsqu'on a la République et le peuple, tout le reste ne compte pas car tout le reste viendra. Deux immenses propriétés au coeur de Paris et un vaste domaine dans son propre pays sont ainsi déclarés être cédés volontairement. Par philanthropie. Par amour de l'Autre. Par générosité. Merci fils! Du reste on ne parle pas, mais merci tout de même. Oui merci de céder au peuple et à la République ce qui leur a été substitué. Merci de faire l'aumône au peuple avec ses propres avoirs. La générosité ne naissant pas avec l'arrivée de l'été, des rumeurs disent qu'Ali a fait cela pour mettre fin à la querelle familiale autour de l'héritage. D'autres jurent qu'il le fait dans le cadre d'une campagne électorale qui ne dit pas son nom, à un an des prochaines élections. Mais ce qu'on veut taire c'est que le patrimoine de papa entre dans ce qu'on appelle «les biens mal acquis» autour desquels une enquête a été ouverte en France. Les révélations de WikiLeaks avaient bien confirmé le libre-service dans la French international bank of Africa (Fiba) qu'il avait mise sur pied et à sa mesure. Céder une infime partie, d'une montagne d'avoirs, au pays et à la jeunesse du pays pour se faire pardonner ou se faire oublier serait ainsi une stratégie, une gesticulation qui pourrait bien réussir si, en plus, Ali sait acquiescer. Céder une infime partie de cette immense fortune, à l'odeur de la sueur des misérables, pour préparer une campagne électorale prochaine, c'est aussi une bonnestratégie. Mais le faire pour jeter des pétales d'honnêteté sur l'image d'un père peu honnête ou pour se blanchir soi-même, cela ne peut en aucun cas être une démarche utile parce que voler c'est voler même si on veut faire de l'aumône avec ce qu'on a pris à autrui. Lorsque Jean-Marie, se sentant fatigué d'une politique qui ne lui va pas et à laquelle il colle mal, légua à sa fille, Marine, un parti radical, des idées extrémistes et, par-dessus tout, une horde de militants chauffés à blanc contre les moulins maghrébins et les minarets musulmans. Merci papa!Marine devint présidente du FN et Jean-Marie se contenta du poste de président d'honneur. Il demanda alors à sa fille de poursuivre son combat envers et contre tous. Contre les étrangers, contre les nationaux, contre la gauche française, contre la droite, contre les centristes, contre ceux du haut, ceux du bas, contre ceux du milieu et même contre ceux qui n'existent pas encore ou qui n'existeront jamais. Après quelques années de concubinage, la fille ne ressent plus le besoin de rester dans la jupe de... son père! Elle sentit le pouvoir lui monter au nez et la puissance lui ouvrir les yeux. Aussi décide-t-elle de garder le parti, les militants et elle fit porter des collants aux idées de son prédécesseur. Puis, en bonne fille de son père, elle tira d'un coup à elle le drap et envoya le papa refaire ses classes. Certes, la justice vola au secours de ce dernier, mais, lorsqu'on veut accomplir un parricide, même politique, les voies et les combines sont nombreuses. Elle se rappela qu'un jour, lorsqu'il la mettait encore sur ses jambes, il lui racontait l'histoire de l'Histoire et lui parlait de quelques «détails de cette histoire». Il ne lui en a pas fallu plus pour traîner son père par la cravate. Jusque devant un bureau de discipline qui a exclu le père comme on chasse un indésirable. A extrémiste, extrémiste et demi et tel père, telle fille! On peut croire que c'est pour redorer le blason du FN. Que c'est pour faire plus sérieux ou plus proche du sérieux. En réalité, Marine vise la présidence et c'est sur l'autel de la présidence qu'elle a sacrifié son père, oubliant même le rite de la circonstance. Marine n'est pas dupe. Elle sait que ce sont ces «détails» qui lui ont causé beaucoup de torts et que si elle arrive à passer une couche de vernis sur les propos de feu son (politiquement) père, elle peut prétendre à une sérieuse chance. Et en guise de couche de vernis sur les propos, c'est réel, un rouleau qui passe actuellement sur le papa lui-même!