L'éviction des «durs» illustre cette volonté de M.Aït Ahmed d'opérer une rupture radicale avec les vieilles méthodes d'opposition. La situation au FFS est loin de rappeler l'animation d'antan, tant au sein des structures de base qu'au niveau de la direction nationale. C'est la première fois dans son histoire que le FFS adopte une attitude conciliante vis-à-vis du pouvoir. Entendre son président, Hocine Aït Ahmed dire, être prêt à rencontrer Bouteflika, si ce dernier le lui demandait, est un signe d'essoufflement du parti, qui n'arrive pas à se repositionner sur l'échiquier politique. Un parti, qui après avoir été la locomotive de l'opposition démocratique, semble avoir mis de l'eau dans son vin, en évitant d'égratigner les «décideurs» comme il avait l'habitude de le faire il y a quelques mois. Même le choix des responsables du parti est on ne peut plus édifiant. L'éviction des «durs» à l'image d'Ahmed Djeddaï et de Djamel Zenati, même si ce dernier ne serait qu'un «sympathisant» du FFS, illustre cette volonté de M.Aït Ahmed d'opérer une rupture radicale avec les vieilles méthodes d'opposition. A la question d'un confrère, pourquoi le président du FFS évoque à chaque fois l'instauration de la paix par des moyens pacifiques, Aït Ahmed rétorque: «je ne vais quand même pas appeler à la guerre!» Dans son allocution prononcée le 31 octobre dernier, à Aïn Benian, Aït Ahmed avait pris la «précaution» d'éviter toute diatribe vis-à-vis du pouvoir. Une attitude adoptée depuis quelques mois, notamment après la participation du FFS aux élections locales. Une participation qui d'ailleurs, ne visait qu'à casser le mot d'ordre de boycott lancé par les archs. Ce qui a amené certaines mauvaises langues à considérer que M.Aït Ahmed joue le jeu du pouvoir, en aidant ce dernier à passer le test kabyle et obtenir un taux de participation acceptable en Kabylie. Même les structures de base du parti sont tétanisées, au point où certains militants ne s'acquittent même pas de leur devoir fondamental, à savoir le paiement de leurs cotisations. A quoi a donc servi la «visite» de Hocine Aït Ahmed si ce n'est d'assister à l'installation du secrétariat national du parti, lors de la réunion, jeudi dernier, du conseil national extraordinaire. Une présence dissuasive, connaissant les résistances auxquelles était confronté le nouveau premier secrétaire national du FFS, M.Ali Laskri. La démission de Mustapha Bouhadef du même poste, quelques jours seulement après son installation, dénote des divergences profondes entre lui et le président du plus vieux parti de l'opposition. Même si les raisons ayant amené Bouhadef à claquer la porte du secrétariat national ne sont pas connues, des sources proches du parti parlent d'un conflit autour de la composante du nouveau secrétariat national qui serait à l'origine du clash. En effet, Bouhadef aurait, lors de son voyage à Lausanne où il a rencontré M.Aït Ahmed, proposé d'anciens cadres du parti pour faire partie de son équipe. Ce qui aurait été aussitôt rejeté par le président du FFS. Les ingrédients de la crise sont donc réunis, en dénote l'atmosphère qui a caractérisé l'accueil du leader charismatique du FFS, lors de son arrivée à l'aéroport Houari Boumediene. Djeddaï ne figurait, d'ailleurs pas parmi les cadres du parti qui étaient allés l'accueillir à sa descente d'avion. Une froideur qui risquerait de peser encore longtemps sur la vie du parti, d'autant plus que ce dernier est à quelques encablures seulement de la tenue de son quatrième congrès ordinaire. Cependant, ces assises, qui devaient en principe se tenir au courant de l'été dernier, semblent être renvoyées aux calendes grecques. Même la conférence nationale d'audit qui devait faire le bilan du précédent congrès, tarde à se tenir, en raison des perturbations que connaît le parti. Aussi, même si M. Aït Ahmed affirme qu' «il n'y a pas de crise au FFS» il n'en reste pas moins que la réalité est telle qu'elle nécessite un sursaut, de sorte à éviter au plus vieux parti de l'opposition le pire des sorts.