Derid El Laham Le grand comédien a longuement parlé, parfois avec dérision et humour, de la tragédie de son pays et s'est expliqué surtout sur sa position politique en tant qu'artiste. La 31e édition du festival méditerranéen d'Alexandrie poursuit son programme au troisième jour avec des projections de films, mais surtout des hommages à des figures majeures du cinéma arabe. Ainsi, après la disparition des grandes stars: Omar Sharif et Nour Chérif durant l'année 2015, l'un des derniers pharaons du cinéma égyptien, Mahmoud Yassine, a été honoré vendredi par une grande cérémonie. Le grand comédien égyptien qui est apparu fatigué et portant une barbe a été accueilli avec un grand engouement et une grande ferveur par la presse et ses fans. Mais l'autre grande star arabe présente à ce festival, c'est bien le comédien syrien Derid El Laham qui était accompagné de sa femme et de quelques importantes personnalités syriennes qui forment la délégation du Sham, qui est composée notamment de la comédienne Soulef Faouakherdji, venue présenter à Alexandrie un film qu'elle a réalisé elle-même. Le réalisateur Bassel El Khatib était également présent pour présenter en compétition son film «La mère», en présence également de sa femme Diana Jabbour, directrice de Syrian TV et qui préside le jury des documentaires arabes lors de cette édition. Durant sa conférence qui a duré plus de deux heures en présence du président du festival, Alamir Abaza et d'une importante présence égyptienne composée essentiellement de journalistes, de critiques et de professionnels, le grand comédien syrien Derid El Laham a longuement parlé parfois avec dérision et humour de la tragédie de son pays et s'est expliqué surtout sur sa position d'artiste qui soutient le gouvernement de Bashar El Assad. Le comédien raconte comment dans les années 1960, il était considéré comme un artiste très critique dans ses pièces théâtrales envers le pouvoir et notamment comment un jour où il faisait une représentation en présence du président syrien et des membres du gouvernement de l'époque, il avait été sauvé de la prison par Hafez El Assad, alors ministre de la Défense. C'est de là qu'a démarré ce rapprochement entre le comédien et la famille el Assad. Mais il a insisté notamment pour l'engagement de son pays contre toute attaque venant de l'étranger. Le comédien syrien raconte également dans son intervention comment les relations égypto-syriennes étant interrompues à cause de la reconnaissance d'Israël par Sadate, il avait été accueilli en héros par le peuple égyptien quand il était venu présenter son film épique et politique «El Houdoud» au Caire. Derid El Laham a, pour l'anecdote, raconté notamment comment la présidence syrienne l'a autorisé à partir au Caire, à condition que Israël ne soit pas présente dans le festival. «Je n'ai peur que du Bon Dieu et des moukhabarate» a tenu à déclarer le comédien, provoquant un tonnerre de rires dans la salle. Evoquant la crise dans son pays et Daesh, le comédien a déclaré que «Daesh est présent dans chacun d'entre nous, car nous avons créé une haine envers l'Autre. Il faudrait apprendre à nous aimer les uns et les autres», avant d'ajouter avec philosophie et humour: «On nous a appris comment on fait la prière mais on ne nous a pas appris la foi et la tolérance», dénonçant l'intégrisme des islamistes et rappelant la tolérance des laïques. Toujours souriant et très comique dans sa représentation, il a tenu à dénoncer tous les extrémismes et appelé à ouvrir les frontières morales et du coeur. Interrogé sur son absence dans les feuilletons arabes de la dernière décennie, il a expliqué que son avenir était derrière et qu'il ne souhaitait pas que son parcours soit entaché par des participations qui ne seront pas à la hauteur de sa carrière. Il promet néanmoins de revenir à l'écran dès l'année prochaine. S'agissant de la production audiovisuelle syrienne, le comédien et Mme Jabbour ont indiqué que la Syrie a produit 30 feuilletons en 2015, dont cinq dans le secteur public et cela malgré la guerre et les difficultés financières.