Une histoire enchevêtrée où s'entremêlent groupes maffieux et intérêts occultes. Vingt jours après l'attentat perpétré au douzième jour du Ramadan contre deux élus de la commune de Bordj El-Kiffan, l'enquête n'a encore abouti à rien de définitif. Cependant, le présumé coupable, M.Amar Benamra est toujours maintenu en détention préventive. Sa famille qui réfute toute implication de l'accusé dans le double assassinat du 26 octobre 2004, demande sa libération, «car rien, dit-elle, ne justifie encore son incarcération à El Harrach». Le 26 octobre 2004, au milieu de la journée, Menasria Nacer, le second vice-président de l'APC de Bordj El Bahri et son compagnon Mohamed Houari, un ancien élu de la même commune sont assassinés à bout pourtant par des inconnus. La nouvelle se répand vite et fait la une de la presse. Acte terroriste ? Crime lié à un groupe d'intérêt? La question est vite résolue par l'arrestation d'un homme, Amar Benamra, qu'un litige lié à un lopin de terre oppose de manière très vive à Menasria Nacer, un député d'El Islah, à cheval sur les principes et qui conteste l'octroi de six carrés de terre à certains «gros bonnets» de la commune, dont Benamra. La proximité du lieu de l'attentat, la querelle connue de tous qui l'opposait à l'élu assassiné et l'absence de toute autre cause de liquidation physique du second vice-président mettent tout de suite Benamra en ligne de mire. Il est retenu dans le commissariat de police de Bordj El-Kiffan, le même jour. En fait, c'est lui qui s'y était présenté accompagné de ses deux fils. Pendant les interrogatoires, l'accusé nie toute implication et présente une preuve de son innocence: pendant la journée du crime, il était chez son ami boucher, au centre-ville d'El Har-rach et a fait sa prière du «dohr» dans la mosquée Imam Châfiî de la même localité et n'est rentré chez lui à Bordj El Kiffan que vers dix-sept heures, soit quatre heures trente minutes après l'assassinat. Le témoignage de plusieurs personnes, dont le boucher d'El Harrach, viennent lui donner un alibi qui tient la route et l'innocente. Cependant, un autre fait vient perturber la thèse de Benamra: un témoin affirme avoir vu un homme, au moment de l'attentat, prendre un raccourci et disparaître. Cet homme décrit minutieusement par le témoin correspond à Benamra. Sur la base de cet autre indice, la police décide de le transférer au tribunal qui décide sa détention préventive en attendant la fin de l'enquête. Deux jours après, un quotidien arabophone publie un communiqué du Gspc dans lequel le Groupe salafiste revendique l'assassinat de l'élu, et argumente l'attentat par le fait que «les élus locaux partagent avec l'Etat à combattre le projet islamique en constituant des assemblées locales...». Un responsable de la sécurité situé loin des enjeux de la région du littoral (Bordj El Bahri, Bordj El Kiffan, Aïn Taya) dont les terres agricoles ou de construction suscitent toutes les convoitises et alimentent toutes les querelles, reste sceptique: «l'attentat a été perpétré par au moins deux personnes avec l'aide d'une ou deux personnes pour la surveillance des lieux et le repli. Cela fait quand même une petite cellule opérationnelle de combat de type Gspc ou de type mafieux et bien entraîné». Benamra peut-il faire jonction avec ce groupe? A-t-il fait l'objet d'un règlement de comptes, d'une conspiration à l'échelle locale? La mafia locale du foncier peut-elle aller jusqu'à perpétrer le crime, ou s'allier avec des groupes armés locaux pour exécuter le contrat? Autant de question qui s'alignent à longueur de jours et dont seule une réponse sérieuse et définitive peut jouer en faveur de la libération de Benamra. Ou en sa défaveur...