La violence continue d'ensanglanter le pays qui ne connaît aucun répit dans une succession d'attaques et d'attentats comme celui de vendredi à Bagdad. Quelques heures après le passage du secrétaire à la Défense américain, Donald Rumsfeld, à Bagdad, la capitale irakienne a été soulevée par une violente explosion dans le quartier huppé d'Al-Mansour. C'est un camion qui a explosé détruisant totalement une maison et décimant ses occupants, une famille de sept personnes. Parmi les victimes il y avait un huitième mort, outre le kamikaze auteur de l'attentat. 19 personnes ont été plus ou moins grièvement brûlées dans l'incendie qui s'est déclaré après l'explosion du camion-citerne. Cet attentat qui a été perpétué contre une maison mitoyenne de l'ambassade de Libye à Bagdad, n'a pas manqué de soulever des interrogations quant à savoir si ce n'était pas le siège diplomatique libyen qui était visé. Hier en milieu de matinée (fin de journée en Irak) aucune indication nouvelle n'a été donnée sur cet énième attentat meurtrier commis en l'espace de quelques jours en Irak. De fait, les observateurs s'attendaient à cette recrudescence de la violence à l'approche du scrutin, crucial, du 30 janvier prochain. En fait, une course contre la montre est engagée entre deux parties - les forces américaines d'occupation et la guérilla irakienne- ayant des objectifs diamétralement opposés. Pour les Etats-Unis, il s'agit de tenir ces élections quel qu'en soit le prix, pour montrer que le nouvel ordre imposé par Washington fonctionne et que l'Irak, «reformaté» par les Etats-Unis, marche à pas cadencés vers la «démocratie» comme l'affirmait encore lundi dernier le président Bush. En multipliant les attentats tous azimuts, la guérilla irakienne veut-elle, en revanche, démontrer que rien n'est joué et que le pari reste ouvert, notamment en imposant le report du scrutin pour cause d'insécurité. Dans ce bras de fer qui le dépasse quelque peu, le peuple irakien est le pion qu'Américains et guérilleros utilisent pour des intérêts loin d'être ceux de l'Irak et des Irakiens. M.Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense, venu s'enquérir de la situation après l'attentat contre les forces armées américaines à Mossoul, admet, du bout des lèvres, qu'il y a eu des «échecs», mais affirme dans le même temps que les forces américaines finiront par «triompher», indiquant «bien que la situation puisse paraître sombre pour le moment, les forces américaines finiront par triompher» soulignant «Ce n'est pas un chemin facile ni tranquille vers le succès, il y a des échecs». Donald Rumsfeld, qui a rencontré vendredi le président intérimaire irakien Ghazi Al-Yaouar, a déclaré également que les forces américaines opérant en Irak sont fortes aujourd'hui de 150.000 hommes. Dans le même temps à Washington, le président Bush, demandera en février prochain, au Congrès, un budget supplémentaire de 80.000 dollars pour les opérations militaires en Irak selon le député républicain Jim Kolbe, qui indique: «Début février, une demande de crédit budgétaire supplémentaire sera soumise au Congrès, en plus du budget 2006 pour la défense». De fait, l'Irak prend chaque jour un peu plus le chemin du bourbier vietnamien, avec l'envoi de nouveaux contingents, l'apport d'un nouveau matériel militaire, et la demande de renforcement du budget de la guerre en Irak. Et, dans le chaos irakien, rien n'indique une éclaircie quelconque dans un proche avenir. Au contraire, l'approche des élections de la fin janvier exacerbe les antagonismes. L'attentat de Mossoul en témoigne largement. A propos de cet attentat, l'armée américaine a désigné vendredi le général de brigade, Richard Formica, pour «mener l'enquête sur l'attentat suicide» de mardi. Par ailleurs, au moins une demi-douzaine d'Irakiens ont été tués hier dans plusieurs villes dans des attentats isolés, comme l'assassinat d'un édile communal de la région de Chati Al-Taji, au nord de la capitale, tué en même temps que l'un de ses proches. A la veille des élections générales controversées du 30 janvier, l'Irak s'enfonce chaque jour un peu plus dans les horreurs de la guerre.