La réalisatrice égyptienne de Nawara, Hala Khalil C'est sous le signe de l'hommage à feu Ahmed Khan, célèbre réalisateur égyptien qui vient de décéder, qu'a été placée la cérémonie de clôture ayant primé les deux Algériens Hassan Ferhani et Damien Ounouri. Le rideau est tombé sur la 9ème édition du Festival international d'Oran du film arabe avec l'attribution de deux prix à l'Algérie. Tout d'abord à Fi Rassi un rond-point, Wihr d'or ou Grand Prix du documentaire et le court métrage Kindil El Bahr de Damien Ounouri, Prix spécial du jury. Dans son discours de remerciements, Hassan Ferhani aura une pensée pour tous ceux qui ont travaillé à son film, notamment Djamel Kerkar ainsi que sa productrice jusqu'à ses amis comme l'acteur Khaled Benaïssa ou encore les membres de l'association Chrysalide avec laquelle il a commencé à faire du cinéma, mais aussi les acteurs de son film, avec une pensée spéciale pour feu Hasni. Pour sa part, Damien Ounouri dira plus tard en recevant son prix: «Je suis ému car c'est la première fois que mon film est montré en Algérie. C'est toujours un vrai combat de faire des films. Notre prix ça été le public oranais qui est venu voir notre film, nous a encouragé et en est sorti ému. Ma fierté personnelle est que Merzak Allouache ait apprécié notre film.» Merzak Allouache qu'il qualifiera de «patron du cinéma algérien» tout en lui déclarant: «Cela fait 40 ans que tu fais des films, que tu nous montres la voie. On dirait que tu es plus jeune que nous!». Et de renchérir: «Quant à nous, je pense qu'il y a une bonne dynamique qui s'enclenche. Pour faire des films à la hauteur de notre imaginaire, il faudrait avoir le soutien de l'Etat. Je souhaite qu'il y ait davantage de transparence et de communication avec notre ministère de la Culture pour qu'on puisse travailler ensemble à faire rejaillir notre cinéma algérien et au-delà de nos frontières. Finalement, peut-être que dans le cinéma entre nous et dans nos institutions, il manquerait juste quelque peu d'amour. Il en faut un peu plus.» S'agissant de la catégorie du court métrage, le président Rachid Benallal fera remarquer que «l'écran ne ment pas. A travers le récit, le silence, le savoir technique compte autant que le talent et l'imagination. Ce sont ces critères qui ont déterminé le choix du jury». Et d'annoncer le nom du film Ghasra du Tunisien Djamil Nejdajr, Mention spéciale, tandis que le Grand Prix court métrage est revenu à l'Egyptien Hichal El Bendari avec son film Chaud et sec en été. Mourad Bencheikh, président du jury documentaire, a tout d'abord avancé quelques recommandations avant de citer les noms des lauréats. Et d'estimer: «Nous demandons au comité de sélection du film documentaire de prendre plus en considération le format documentaire, encore un peu plus que ce qu'il a fait au courant de cette édition, et ce, que ce soit au plan de la forme que de la langue. On souhaiterait donner plus de chance au documentaire à travers la répartition horaire des projections.». Aussi, le Prix spécial du jury est revenu à Jamais on a été des enfants de Mahmoud Souleimane. Ce dernier dédicacera son film «aux peuples arabes qui croient en la liberté et la culture». De ce fait, il rendra hommage à Ahmed Zaki qu'il avait croisé sur un plateau de tournage avant qu'il ne fasse des études de cinéma. Un prix dédié aussi à Ahmed Khan «à son âme et son amour du cinéma, car il constitue la raison pour une grande partie de mon amour pour le cinéma». Mourad Bencheikh justifiera aussi le prix du Wihr d'or à Fi rassi un rond-point en ces termes: «Pour la clarté de sa vision cinématographique illustrée à travers un esthétisme de qualité que le réalisateur a su choisir et utiliser pour lui et dans son espace.» Pour Mohamed Malas, réalisateur syrien et président du jury, le résultat des délibérations a été approuvé à l'unanimité. Un Prix Mention spéciale a été attribué au film irakien Le silence du berger. Le réalisateur Raâd Meshatat dira en ce sens: «La Syrie et l'Irak font face aux crimes tous les jours. Le cinéma contribue en partie à l'éveil. C'est une force et une énergie pour combattre la violence dans nos pays.» Il réitérera sa détermination à faire des films et à poursuivre le chemin et se hisser grâce à sa culture. Le Prix du jury est revenue au film marocain A mile in my shoes. «C'est mon 13ème Prix, c'est une responsabilité car c'est mon premier travail en tant que long métrage», a-t-il avoué. Le Wihr du meilleur scénario est revenu au Syrien Joud Saïd pour En attendant l'automne. Le Prix de la meilleure actrice a été décerné à Mouna Shalaby pour son rôle dans le beau film égyptien Nawara, tandis que le Prix du meilleur rôle masculin a été attribué à Alan Saâda pour son rôle dans le film libanais Kteer kbir. Le Wihr d'or du meilleur film est revenu également au film égyptien Nawara. Emue les yeux embués, Hala Khalil dédiera son trophée à feu Ahmed Khan décédé pendant la tenue du Festival international d'Oran du film arabe à l'âge de 74 ans. Et de confier: «Quand j'ai participé au Festival du film arabe de Dubaï, Ahmed Khan était présent aussi avec un film, dans la même section et pour moi c'était un grand honneur de figurer au même titre dans la compétition. Ma récompense était déjà celle-ci. J'invite tout le monde dans la salle, notamment ceux qui n'ont pas encore vu les films d'Ahmed Khan à le faire. Je dirai que la leçon la plus importante qu'il m'a léguée aura été l'amour du cinéma, plus que l'amour de la vie, bien que pour Ahmed Khan c'est la même chose. Mais il ne suffit pas d'aimer le cinéma, la meilleure preuve est d'en faire. Pour preuve, il a tenu à faire des films jusqu'au dernier jour de sa mort, alors qu'il préparait un nouveau film.» Enfin, le Prix du meilleur réalisateur a été décerné à Lotfi Bouchouchi pour son long métrage Le Puits. Absent, le réalisateur Lotfi Bouchouchi a écrit une lettre que sa comédienne a lue mercredi soir devant la vaste assistance du théâtre en plein air Hasni-Chekroun, dans laquelle il fait état de ses voeux quant à la nécessité d'instaurer «une volonté politique pour développer le cinéma, faire revenir le public dans les salles et en les multipliant, avoir de bons producteurs, des techniciens, une économie, des réglementations... Gardons le cap!». Il est bon de noter par ailleurs que cette cérémonie de clôture a été l'occasion de rendre hommage à Merzak Allouache, dont une rétrospective de ses films figurait au programme, mais aussi au directeur de l'Onci, Ben Torki et Mohamed Salah Aka conseiller national général du Mérite national. En outre, Amir Abada, directeur du Festival du film d'Alexandrie a honoré le président de la République au nom des artistes.