Les populations de Kabylie restent suspendues à la rencontre de demain entre le Chef du gouvernement et les «négociateurs» des archs pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Le citoyen de Kabylie ne sait plus à quel saint se vouer. Pris entre les assurances des uns, quant à une éventuelle satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur, et l'alarmisme des autres qui colportent les plus folles rumeurs, il attend avec impatience une sortie honorable du bourbier. Né des événements tragiques du printemps 2001, le mouvement citoyen qui, à travers une formidable mobilisation, a su canaliser la révolte et la contenir dans une plate-forme de revendications citoyenne et démocratique, après avoir réussi à arrêter l'effusion de sang, il a su arracher une deuxième session du bac à travers une délégation reçue par le Chef du gouvernement. A cette époque-là, le dialogue n'était pas tabou. Depuis, d'action en action, de conclave en conclave, la population se lasse et l'incertitude plane dans les esprits. Aujourd'hui, le mouvement, qui essaie tant bien que mal de garder un semblant d'homogénéité, semble sérieusement ébranlé par des divergences de fond. Il y a eu d'abord les Sept qui, dans une déclaration rendue publique, se sont démarqués des «usurpateurs» ou des «délégués taiwanais», allusion à la délégation qui sera reçue aujourd'hui par le Chef du gouvernement pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur et des jusqu'au-boutistes qui veulent renouer avec les émeutes. Ensuite, il y a eu les quatre daïras de Ouadhias, Draâ El-Mizan, Tizi Ghennif et Boghni qui rejettent l'action d'aujourd'hui à savoir les sit-in devant les brigades de gendarmerie, interprétée comme une volonté d'embraser la région. Face à la démobilisation de la population, et au silence coupable des partis et des personnalités influentes, le sort du mouvement citoyen semble se décider ailleurs. Triste sort pour un mouvement qui, ce jeudi, verra ses doléances acceptées et négociées par des personnes n'appartenant pas à ce mouvement, soit un retour à la case départ à travers des émeutes, telle l'histoire du chien qui se mord la queue.