«75 % des cas signalés sont favorables à une indemnisation.» Bien que le contenu exact du rapport de la commission ad hoc, remis par M.Farouk Ksentini au président Bouteflika le 31 mars 2005, n'a pas encore été rendu public, le Collectif des familles des disparus et l'association SOS Disparus prennent déjà «acte avec regret des premières conclusions dudit rapport». En effet, dans un communiqué rendu public hier, l'on a remis en cause les premières conclusions de la commission ad hoc, annoncées par son président dans l'une de ses précédentes sorties médiatiques. «Cette commission préconise une nouvelle fois de clore ce dossier par l'attribution d'indemnisations». M.Ksentini a affirmé dans le sillage que «plus de 75 % des cas signalés sont favorables à une indemnisation». Justement, sur ce chapitre relatif à la réparation pour les victimes, les deux associations campent toujours sur leurs positions, affirmant que les indemnisations «ne peuvent opérer un règlement total et juste du dossier des disparitions». En d'autres termes, précise le communiqué, «cette solution proposée par la commission ad hoc consiste à clore le dossier des disparitions». «Il ne peut être question pour les familles de troquer la justice et la vérité contre de l'argent», mentionne-t-on également. Pour cela, le président de la commission ad hoc, chargé par le président de faire la lumière sur la question des disparus a dit maintes fois que «si certaines familles se montrent déterminées à recourir à la justice, ce qui est leur droit absolu, nous sommes prêts à les accompagner». Les divergences sont manifestement persistantes et en guise de réplique, lesdites associations n'iront pas loin dans la polémique. Elles diront plutôt que «les familles des disparus n'ont jamais cessé de déposer des plaintes devant les tribunaux algériens. Toutefois, ces familles se heurtent toutes à l'impuissance de la justice». L'argumentaire des deux associations ne s'arrête pas à ce stade. Les rédactrices dudit communiqué, MMme Yous Fatima et Nassera Dutour, déclarent que «nous comprenons maintenant pourquoi M.Ksentini invite sans crainte les familles des victimes à déposer plainte, puisque d'ici quelques mois, les auteurs des disparitions forcées seront amnistiés». Sur cette question précise, le président de la commission ad hoc a fait remarquer que «certaines associations, notamment SOS Disparus, ne veulent pas en appeler à la justice classique, préférant en quelque sorte politiser la question, ce qui est tout à fait inacceptable, notamment en cette phase cruciale et déterminante pour l'avenir de notre pays». La réponse n'a pas trop tardé de la part des deux associations, SOS Disparus et le collectif Cfda, elles considèrent que l'indemnisation de toutes les familles «pour les souffrances endurées est un droit aussi naturel que le sont le droit à la justice et le droit à la vérité». Elles s'interrogent donc sur le «pourquoi de cette question d'indemnisation». Du moins, c'est ce qui est mentionné dans la déclaration envoyée hier à notre rédaction. Sur le chiffre avancé récemment par M.Farouk Ksentini, faisant état de 6 146 cas de disparitions forcées recensés par sa commission, les deux associations, en référence au même communiqué, diront qu'elles «continuent de soutenir, qu'elles ont constitué plus de 8000 dossiers et que le nombre total est encore inconnu».