Depuis les effondrements d'immeubles causés par les glissements de terrains, la zone est quasi à l'abandon. Plus d'un mois après l'effondrement d'un immeuble faisant office de restaurant au niveau de la célèbre corniche de Stora, dans la wilaya de Skikda, rien n'est encore fait pour sauver un des endroits les plus beaux et les plus visités de tout l'Est du pays. A peine quelques mesures d'urgence ont été prises par les autorités en vue de parer au plus pressé et d'éviter le pire. C'est ainsi que la wilaya de Skikda a procédé au relogement d'une dizaine de familles qui habitaient jusque-là au niveau de la route dite des chèvres et l'avenue de la Corniche, plus connue sous le nom de Casino. La raison de cette mesure, prise en extrême urgence, est due aux glissements de terrain auxquels sont sujettes de nombreuses régions de la wilaya et que les récentes intempéries n'ont fait qu'aggraver. Quelques jours auparavant, 25 autres familles, dont les demeures, situées à Bouiali et Béni Malek, avaient, elles aussi, été relogées. Depuis, toute la zone est laissée à l'abandon alors que la saison estivale approche à grands pas. la route en amont de la corniche est toujours fermée à la circulation. Pendant ce temps, les magasins, entre restaurants, pizzerias, tavernes et motels, qui faisaient la fierté de toute la wilaya, se meurent quasiment à petit feu. Les zones les plus touchées, indiquent les experts, sont celles où sont implantées les nouvelles constructions, notamment privées, puisque des précautions ont été prises en ce qui concerne la quasi-majorité des constructions récentes, érigées par l'Etat. C'est une équipe d'experts canadiens conduite par un cadre algérien formé à l'étranger qui aurait conclu, selon les premiers éléments d'information que nous avons pu obtenir, à la nécessité de reboiser les monts qui dominent toute la région, laissés à l'abandon, notamment durant les années où la fraise n'y est pas cultivée. L'objectif est d'empêcher les eaux de ruisseler, mais aussi de s'infiltrer profondément dans la terre, jusqu'à provoquer de nouveaux glissements de terrains. Le plan d'attaque, étalé sur plusieurs années, ne verra donc pas le jour de sitôt. Les estivants devront, en attendant, prendre leur mal en patience. Cela est d'autant plus vrai, que côté mer, la situation est loin d'être reluisante. La côte, encaissée contre des rochers et de petites plages complètement dévastées par les flots, a permis aux vagues, plus précisément au ressac, de creuser profondément des tunnels qui menacent toute la corniche de nouveaux effondrements. La promenade, au long de cette corniche, où des voyous rôdent en quête de mauvais coups, en l'absence de toute sécurité policière, présente une bien piètre figure, avec des pans de passage entiers effondrés, des endroits où de sommaires réparations ont été effectuées avec de simples planches de bois, mettant carrément en danger la vie des promeneurs. En dépit de la beauté et de l'originalité du site, avec les passages obligés par le magnifique port de pêche de Stora puis le fameux restaurant tenu par une vénérable dame depuis près d'un demi-siècle, tout décourage les téméraires promeneurs qui fréquentent ce lieu qui faisait jadis la fierté de la wilaya, mais aussi de tout l'Est algérien. Des aménagements littoraux très lourds à supporter sur le plan financier sont nécessaires, estiment les experts, sous peine de voir carrément se produire une catastrophe d'envergure nationale. Ses prémisses se sont déjà laissées voir en de nombreux endroits de la promenade, où des parties de falaises et de routes se sont déjà écroulées sans que personne n'ait pu y remédier. En d'autres endroits, la mer a creusé des tunnels long de plusieurs mètres à l'intérieur des terres, ce qui risque de provoquer des effondrements pour le moins inattendus. C'est même, estiment les experts, l'alliance du travail de la pluie, du déboisement et des intempéries maritimes qui se trouvent à l'origine de ces véritables ravages. A tous ces facteurs, bien sûr, il convient d'ajouter le laisser-aller des différents décideurs, élus et responsables qui se sont succédé à la tête de cette région. Les choses semblent avoir changé depuis l'arrivée d'un nouveau wali à la tête de Skikda. Une cellule de crise et de suivi, en effet, a été mise en place par les services compétents de la wilaya. Elle comprend des éléments représentant les Directions de l'urbanisme, de l'équipement et de l'habitat, mais aussi les communes et daïras territorialement concernées. Il est à signaler que d'autres régions de la wilaya, à l'instar de Bordj H'mam et Zighoud Youcef, souffrent du même phénomène et nécessitent, elles aussi, des études sérieuses en vue d'éviter le pire. La pollution, comme le relèvent de nombreux experts, aggravent le phénomène à cause du déboisement qu'elle génère et de la présence de produits tensioactifs dans les eaux d'évacuation, ce qui rend la terre, gorgée de liquide, beaucoup plus sujette à ce genre de phénomène. Des bureaux d'études ont également été chargés de dresser dans les plus brefs délais des rapports d'expertise concernant les 8 zones menacées afin de pouvoir parer au plus pressé et de faire en sorte que de nouveaux glissements de terrain, parfois mortels, ne se reproduisent plus. Attendons pour voir...