Avec un état d'urgence prorogé jusqu'en juillet, l'élection présidentielle est sous tension L'irruption de la violence terroriste, prévue depuis des mois et source d'un dispositif sécuritaire renforcé, va avoir une conséquence probable sur les chiffres de la participation au point que, dans certains partis, on se reprend à espérer. La dernière ligne droite de la campagne pour l'élection présidentielle qui connaîtra demain son premier tour marqué par une incertitude jamais vue jusque-là, avec quatre candidats tous susceptibles de se retrouver qualifiés pour le duel du second tour, a été assombrie par l'irruption d'une attaque terroriste sur les Champs-Elysées, à Paris, qui a coûté la vie jeudi soir à un policier. Cet attentat bouleverse la fin de la campagne présidentielle alors que le scrutin de dimanche va se dérouler dans un climat tendu, sous très haute surveillance, sachant que Daesh a aussitôt revendiqué la fusillade, l'attribuant à «Abou Youcef le Belge» alors que les investigations policières ont conduit à l'interpellation d'un Français de 39 ans, Karim Cheurfi, résidant en banlieue parisienne et faisant déjà l'objet d'une enquête antiterroriste, après avoir tenté de tuer un policier il y a plus de 10 ans. Un individu décrit par son entourage comme psychologiquement très perturbé. S'agit-il du même homme ou y a-t-il maldonne? Au moment où l'EI évoquait un terroriste belge, la Belgique avait transmis à la France un avis de recherche concernant un autre homme fiché S., lequel s'est d'ailleurs présenté spontanément dans un commissariat d'Anvers. Alors que les 11 candidats à l'élection présidentielle effectuaient leur dernière intervention sur un plateau de télévision, l'attaque a jeté un froid brutal au point que trois d'entre eux ont annoncé l'annulation de leur ultime déplacement avant la clôture de la campagne intervenue hier à minuit. Pour aussi condamnable qu'il puisse être, cet attentat qui a fait également trois blessés, dont deux graves, risque de redistribuer, fort opportunément, les cartes au profit exclusif des candidats de l'extrême droite, Marine Le Pen, et de la droite et du centre, François Fillon, dont le discours s'est nettement radicalisé ces derniers jours. A une encablure du scrutin, les derniers sondages donnaient encore Emmanuel Macron ex aequo avec la chef de file du FN mais l'attentat des Champs-Elysées pourrait inverser tous les pronostics pour offrir un surprenant duel Fillon-Le Pen au second tour. On devine sans peine que la France devra, une fois de plus, une fois de trop diront de nombreux électeurs frustrés par un choix qui n'en sera pas un, voter «utile» pour barrer la route à l'aventurisme des «patriotes» que Marine Le Pen prétend incarner. Profitant du contexte, celle-ci a promptement enfourché le destrier propre au FN qui exploite à satiété les thèmes, ou plutôt les anathèmes, de l'immigration, de l'islam et du terrorisme, outrageusement amalgamés. Curieusement, elle a affirmé «ne pas croire que l'attentat de jeudi ait eu pour but d'influencer le résultat de l'élection», ce qui ne l'a nullement empêchée de marteler sa détermination à «renforcer les moyens policiers»tout en durcissant à l'extrême son discours sécuritaire anti-immigration, dénonçant au passage «le laxisme» du pouvoir. Pour sa part, Emmanuel Macron reconnaissait hier le risque de la «panique» au point d'appeler à ne pas céder «à l'instrumentalisation qui serait d'utiliser la peur». «Ce qui est recherché par nos assaillants, c'est à la fois la mort, le symbole, créer la panique, troubler un processus démocratique qui est celui de l'élection présidentielle», a-t-il expliqué. L'irruption de la violence terroriste, prévue depuis des mois et source d'un dispositif sécuritaire renforcé, va avoir une conséquence probable sur les chiffres de la participation au point que dans certains partis on se reprend à espérer. Mais les experts se refusent à un quelconque pronostic quant à son impact sur le choix des électeurs même si deux évènements majeurs, l'arrestation de deux hommes à Marseille, soupçonnés de préparer un attentat contre les candidats et l'attaque de jeudi soir, l'ont propulsé au-devant de la scène. Il faut dire qu'en 2012, l'affaire Merah, avec les tueries de Montauban et de Toulouse, n'avait pas eu l'impact espéré par Nicolas Sarkozy et, du coup, les observateurs sont sceptiques quant au score de Marine Le Pen, en nette régression malgré un agenda favorable et un retour aux fondamentaux du discours souverainiste, avec un impact positif sur le score de François Fillon qui pourrait «récupérer» un certain nombre de militants LR déçus par les affaires. Toutes ces supputations, en définitive, illustrent une seule et même certitude, celle d'un scrutin où toutes les hypothèses sont envisageables même si la part des abstentionnistes peut être effectivement réduite de moitié, la mobilisation citoyenne étant alors vécue comme une sorte de défi salvateur face aux menaces terroristes qui visent à instrumentaliser la peur des électeurs... . Le président Bouteflika «condamne avec force» l'attentat terroriste Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a adressé à son homologue français, François Hollande, un message dans lequel il a «condamné avec force» l'attentat ayant ciblé la France, réitérant la disponibilité de l'Algérie à une «coopération et une solidarité agissantes» avec le reste de la communauté internationale sous l'égide des Nations unies pour triompher du fléau du terrorisme.»J'ai appris avec une profonde indignation l'ignoble acte terroriste qui s'est produit à Paris coûtant la vie à un agent de l'ordre, blessant d'autres et perturbant la quiétude des citoyens», a écrit le chef de l'Etat dans son message.»L'Algérie qui a elle-même connu l'horreur du terrorisme barbare, condamne avec force cet attentat qui a ciblé une nouvelle fois encore votre pays ami», a souligné le président Bouteflika.»En cette tragique circonstance, je vous exprime, au nom du peuple et du gouvernement algériens ainsi qu'en mon nom personnel, notre solidarité entière avec la France amie et nos sincères condoléances à la famille de la victime de cet acte ignoble», a ajouté le chef de l'Etat.»En cette occasion, l'Algérie réitère sa disponibilité à une coopération et une solidarité agissantes avec le reste de la communauté internationale sous l'égide des Nations unies, pour triompher du fléau du terrorisme, ennemi de toutes les civilisations et, notamment, étranger à l'islam, religion d'humanisme, de paix et de concorde», a-t-il ajouté. «En vous renouvelant mes sentiments d'affection et de soutien en cette épreuve, je vous prie de croire, Monsieur le président et cher ami, en l'assurance de ma compassion de ma déférente considération.»