Cette montée en puissance du discours archaïque cache mal une volonté de torpiller l'effort de l'Etat. La décision de la commission chargée de la réforme du système éducatif concernant l'annulation de la filière des sciences islamiques du troisième palier a suscité l'ire de certains imams qui ont profité des prêches du vendredi pour exprimer leur mécontentement quant à cette mesure. Relayés par le parti de Djaballah, les tenants de la thèse islamiste au sein de l'école algérienne, qui ont déjà fait parler d'eux à l'entame même de la réforme du système éducatif en constituant un large front contre l'esprit moderniste de la réforme, entendent, à travers leur protestation, amener les pouvoirs publics à reculer sur l'un des aspects essentiels de ladite réforme. Et pour cause, les conservateurs développent l'idée selon laquelle, la suppression de cette filière du secondaire est un coup de poignard dans le dos de l'islam au sens où une telle disposition éloignerait les élèves de leur religion et fausserait leurs repères spirituels et, partant exclure de l'école l'éducation religieuse. Cette montée en puissance du discours archaïque sur un thème qui lui est cher, à savoir l'école, cache mal une volonté de torpiller l'effort fourni jusque-là par l'Etat. La levée de boucliers par rapport à la suppression de la filière portant sciences islamiques, omet d'indiquer que la matière relative à l'éducation religieuse, elle, demeure et il n'est pas question, pour le moment, de l'enlever des programmes au niveau des lycées de la République. Pour sa part, la tutelle, première cible de ces attaques, a tenu à tirer les choses au clair concernant cette mesure qui s'inscrit, dit-on, au ministère de l'Education nationale, parmi d'autres et qui visent simplement à optimiser les performances du système éducatif. Le premier responsable du secteur, Boubekeur Benbouzid, a, donc, expliqué que l'annulation de cette matière s'inscrit dans le cadre de la nouvelle politique du secteur dont l'objectif premier est d'éviter aux élèves de se spécialiser prématurément. «La devise actuelle du ministère est de donner à nos enfants un bagage assez conséquent concernant des matières de base», dira Benbouzid. Des connaissances qui permettent aux nouveaux bacheliers de passer le cap du tronc commun à l'université avec succès, ce qui n'a pas été le cas pour les bacheliers qui ont été spécialisés au cours de leur cursus scolaire. «On a constaté que 90% des universitaires échouaient dans leurs études dès les deux premières années universitaires pour cause de spécialisation précoce», ajoute le ministre. Ainsi donc et pour éviter cet échec précoce, la commission nationale de réforme du système éducatif a décidé de réduire le tronc commun à la 1re année secondaire en seulement deux filières en l'occurrence un tronc commun lettres et un tronc commun sciences et technologie. Ces deux troncs communs s'ouvrent sur six filières d'enseignement général et technologique en 2e AS : la filière langues étrangères et la filière lettres et philosophie pour ce qui concerne le tronc commun lettres tandis que le tronc commun sciences et technologie débouche sur quatre filières: mathématiques, gestion-économie, sciences expérimentales et enfin la filière technique mathématiques qui comporte quatre options, à savoir génie électrique, génie civil, génie mécanique et enfin génie des procédés. Cette nouvelle organisation, constate le ministre, a réduit les filières de 15 à 6 afin de permettre à l'élève d'acquérir le maximum de connaissances et dans toutes les matières. «Plusieurs filières ont été éliminées et non pas uniquement les sciences islamiques», souligne le ministre et d'ajouter: «Il ne faut pas oublier que les sciences islamiques constituent une matière qui est incluse dans pratiquement toutes les filières.» A travers ces propos, Benbouzid tend à expliquer à tous ceux qui veulent contrecarrer cette réforme que l'assainissement de ce secteur-clé est indispensable, il doit répondre aux exigences de notre époque et de notre société. La réaction du ministre renseigne assez bien sur la volonté des pouvoirs publics de ne pas céder à la pression des conservateurs qui semblent coûte que coûte donner à la démarche réformatrice de l'école algérienne une connotation idéologique, visant, comme ils le soutiennent à «occidentaliser» la société algérienne. Ce sont là les principaux griefs apportés par les islamistes à l'adresse de l'Etat qui, à travers le ministère de l'Education, se borne à réformer le système pour plus d'efficacité et moins d'idéologie. Face à cette nouvelle campagne de dénigrement, Benbouzid répond par un discours serein qui en dit, en fait, long sur les premières retombées positives de la réforme sur le monde de l'éducation en Algérie. Il n'y aura manifestement pas de polémique, puisque les contradicteurs de la réforme n'ont pour ainsi dire, plus de relais au sein des structures de l'Etat.