La Fédération de football se doit de faire un grand nettoyage au sein des ligues. Il y a des clubs que l'on qualifie aisément de petits parce qu'ils évoluent dans les divisions inférieures et qu'ils n'ont aucun palmarès. Ces petits-là sont parfois grands en d'autres secteurs et ce n'est pas parce qu'ils appartiennent au lexique des anonymes qu'ils ne savent pas défendre leurs intérêts. En tout cas, dans ce domaine-là, ils sont capables de donner des leçons aux autres clubs affublés du qualificatif de grands alors qu'ils n'ont rien d'extraordinaire. Pour l'histoire, l'IRM Bel-Abbès, un club qui évolue en Régionale Ouest, passera pour avoir été le premier à avoir remis en cause une décision fédérale. C'est-à-dire la plus haute juridiction traitant des affaires du football. Ayant été rétrogradé il y trois ans de cela pour avoir perdu un match par pénalité, ce club s'est battu avec une énorme énergie pour se faire entendre. Disons que ses dirigeants n'ont pas baissé les bras lorsque la relégation avait été consommée. Qu'ont-ils fait alors? Eh bien, ils ont tout simplement saisi le tribunal arbitral de la FIFA avec l'espoir que cet appel aboutirait. Cette instance ne prend pas pour argent comptant le courrier qu'on lui envoie d'un peu partout dans le monde. Il y a qu'elle ne néglige aucune missive. Voilà comment la lettre de l'IRMBA a été lue et prise en considération. Le tribunal arbitral de la FIFA n'a en fait que répondu au club bel-abbésien lui indiquant qu'avant de venir chez lui, il lui fallait soumettre son affaire à la Commission arbitrale du sport algérien (CASA) , une structure qui active sous l'égide du Comité olympique algérien. Les dirigeants de l'IRMBA ont saisi cinq sur cinq le message de la FIFA et ont donc porté le cas de leur club au niveau de la CASA. Et c'est ce dernier qui a rendu un verdict en faveur du club. Enjoignant la FAF de le rétablir dans ses droits donc de le replacer dans la division qu'il n'aurait pas dû quitter. On imagine l'embarras dans lequel se trouve la fédération car cela voudrait dire qu'il va falloir chambouler quelques compétitions. Laquelle fédération a besoin de faire un grand nettoyage au niveau de ses ligues si elle veut conserver un peu de crédibilité. Car toute cette histoire n'a fait que démarrer à partir de la Ligue régionale de l'Ouest (LOFA). Une ligue qui a la très mauvaise réputation de faire une interprétation personnelle des règlements généraux et de saborder de nombreux clubs. La preuve en est que plusieurs des affaires traitées à son niveau sont presque toujours «cassées» à un niveau supérieur. Rien que pour cela, la FAF aurait dû se méfier de cette ligue et faire en sorte d'y amener le changement voulu par une majorité de personnes. En laissant la LOFA agir à sa guise, elle vient de se faire éclabousser par le dossier IRMBA et la décision de la CASA. Aujourd'hui, c'est la FAF qui est mise sur le devant de la scène, pas la LOFA à l'origine, pourtant, du scandale pour avoir mal traité le dossier du club bel-abbésien. Cette LOFA continue à régner sur le football oranais et à gérer les dossiers selon sa convenance. Cette ligue régionale est à l'image des autres, du moins celles qui activent depuis de nombreuses années. On fait, donc, ici abstraction de celles de Saïda, de Blida et d'Annaba qui viennent, à peine, de débuter. Les autres ont des présidents qui activent, pour la plupart, depuis près de 15 années. Cela veut dire qu'ils ont traversé les années noires du football, dont ils ont été partie prenante de sa déliquescence mais ils sont toujours là. Ils étaient là quand Kezzal avait ouvert l'ère du vote «démocratique» dans les instances du football en 1989. Ils étaient là lors de l'AG scandaleuse de novembre 1992 lorsque Kezzal était parti. Ils étaient là avec Aïssaoui, puis avec feu Haraïgue, Brick, Amara, Laïb, Diabi, Kezzal (rebelote) et maintenant Raouraoua. Ils ont même eu à diriger la FAF au sein d'un comité provisoire de gestion. Les gens passent, les présidents fédéraux également, le football coule mais eux sont là marquant la scène de leur présence. Et là il n'y a que l'IRMBA à avoir l'idée de s'adresser à plus haut que la FAF. On peut être sûr que d'autres clubs d'autres régions auraient obtenu le même résultat s'ils avaient su s'y prendre. Maintenant, il ne reste à la FAF qu'à se plier à la décision de la CASA sans pouvoir s'attaquer à l'IRMBA. Ce dernier aurait fauté s'il s'était adressé à une juridiction civile. Il a saisi une structure sportive. Les règlements généraux du football ne prévoyant rien dans ce cas, il peut dormir tranquille. Et ce qui est sûr, c'est qu'il va donner des idées à de nombreux clubs, qui maintenant, n'hésiteront plus à s'adresser à la CASA dès qu'ils se sentiront lésés par une ligue.