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Jeux et enjeux de guerre au Proche-Orient
L'ARMEE SYRIENNE A REPRIS UNE GRANDE PARTIE DU TERRITOIRE MAIS LA LUTTE N'EST PAS FINIE
Publié dans L'Expression le 02 - 07 - 2017


Des soldats syriens et alliés en patrouille
L'offensive tous azimuts lancée par Damas, épaulée par les combattants du Hezbollah et les gardiens de la Révolution iranienne et fortement appuyée par les bombardiers russes, entre février et août 2016, aboutira à l'encerclement total des groupes insurgés...
En moins de deux ans, l'armée syrienne a réussi à reprendre le contrôle d'une large partie du territoire grâce à ses alliés iranien et libanais (Hezbollah) et surtout grâce à l'intervention de la Russie fin septembre 2015, à un moment crucial où plusieurs capitales occidentales donnaient comme imminente la chute du régime du président Bachar al Assad. C'était notoirement le cas de Paris et de Londres qui louaient très officiellement les faits de guerre des factions dites rebelles comme al Nosra, devenu un an après Fateh al Cham. Il faut dire qu'à cette époque, les attentats odieux de Daesh en France, en Belgique, en Allemagne et en Grande-Bretagne n'étaient pas encore de mise et le «terrorisme» était plus vu du côté du régime de Damas que des groupes insurgés.
Dès le printemps 2013, le Hezbollah a mobilisé des milliers de combattants pour protéger la ville de Qousseir, non loin de la frontière syro-libanaise ainsi que le site chiite de Sayeda Zeinab, dans la périphérie de la capitale, frappé l'an dernier par un attentat kamikaze. Quant à l'armée russe, elle s'est déployée d'abord et surtout pour protéger sa base navale de Tartous, névralgique pour sa présence en Méditerranée, que les groupes rebelles s'apprêtaient à attaquer et une fois sur les lieux elle s'est dotée d'une base aérienne, à Hmeimim, longtemps occupée par l'aviation syrienne. Pour cela, Moscou n'a pas lésiné sur les moyens mis en oeuvre, déployant les S33 et même les S400 pour protéger son arsenal militaire et principalement ses destroyers.
Ces nouvelles donnes ont requinqué l'armée du président Al Assad qui a, en quelques mois, balayé les rebelles à Salma, dans la région de Lattaquié, quartier général d'Al Nosra et d'autres groupes pseudo «jihadistes», puis Deraa, Cheikh Meskine (du côté jordanien) et plusieurs autres localités de moindre importance. Ce faisant, la bataille décisive a concerné la seconde ville et ancienne capitale économique de la Syrie, Alep, où des combats sans merci ont eu lieu plusieurs mois durant. L'offensive tous azimuts lancée par Damas, épaulée par les combattants du Hezbollah et les gardiens de la Révolution iranienne ne et fortement appuyée par les bombardiers russes, entre février et août 2016, aboutira à l'encerclement total des groupes insurgés qui n'auront d'autre issue que de capituler en décembre de la même année. Le premier grand exode des vaincus aura lieu jusqu'au 22 décembre, date de départ du dernier contingent de rebelles à destination d'Idlib et de la reprise totale d'Alep par le régime syrien.
La progression continuera sans relâche, avec les combats dans la banlieue de Damas menacée de perdre son approvisionnement en eau contrôlé par les factions rebelles à Wadi Barada, ainsi qu'en direction de la ville martyre de Palmyre où Daesh a commis des exactions aux conséquences civilisationnelles incalculables. Libérée un an exactement après avoir été investie par l'EI, en mai 2016, Palmyre subit encore des attaques suicide et des attentats des groupes terroristes qui y trouvent un commerce lucratif.Tout en continuant à nettoyer la capitale de ses dernières poches d'infestation, l'armée syrienne a totalement affranchi la ville de Homs, en mai dernier, regroupant les rebelles et les civils qui leur sont proches dans la localité d'Idlib, au nord du pays. Début juin, l'offensive a concerné Maskana et depuis, le concours des Russes et des Iraniens aidant, c'est toute la province d'Alep qui est désormais soulagée de la présence de Daesh. Ne reste plus pour le groupe autoproclamé Etat islamique que la ville de Raqqa où il résiste aux assauts de l'alliance arabo-kurde des FDS et celle voisine de la frontière avec l'Irak, Deir Ezzor où les enjeux sont à la fois multiples et importants, compte tenu de l'existence d'un vaste champ pétrolier.
Les FDS ont réussi à encercler Daesh selon la coalition internationale conduite par les Américains et l'Osdh basé à Londres, même si avant-hier ils ont dû se replier après une violente contre-attaque des jihadistes qui multiplient les attaques-suicide à la voiture piégée et recourent aux drones chargés d'explosifs. Ils seraient au nombre de 2 500 à s'opposer encore à l'avancée des FDS, selon la coalition. Dans un tel contexte, il faut craindre de tragiques conséquences pour les quelque 100.000 civils encore présents à Raqqa et dont l'ONU dit craindre, à juste titre, qu'ils ne soient les victimes collatérales des frappes aériennes de la coalition, faisant régulièrement des dizaines et des dizaines de victimes, et des combats féroces qui ont refermé sur eux le piège mortel depuis des jours et des jours.Mais la guerre n'en est pas pour autant achevée. Elle risque de prendre d'autres tournures, avec le conflit larvé qui met déjà en position face à face l'armée turque et les FDS, qui ont la création d'un Kurdistan syro-irakien en ligne de mire et menacent du coup l'intégrité de la Turquie. Un danger auquel s'ajoute la volonté de la coalition internationale d'empêcher, toujours par le biais des FDS,l'armée syrienne de reprendre le contrôle de la totalité de son territoire, la partie Est entrant dans le cadre d'un plan de partition tributaire de la carte du Grand Moyen- Orient.


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