Contrairement aux assertions du Makhzen, notre pays n'a jamais été demandeur de quoi que ce soit. Piégée par ses propres contradictions, aggravées par la sanglante répression du soulèvement pacifique du peuple sahraoui, Rabat n'en finit plus d'accumuler les faux pas qui risquent de lui être fatals un jour. C'est ainsi que le ministère des Affaires étrangères de Sa Majesté, que dirige Mohamed Benaïssa, a officiellement rendu public un communiqué dans lequel les règles les plus usitées de la bienséance diplomatiques ont été foulées aux pieds. Une pareille montée au créneau, au reste, ne laisse pas de trahir la panique dans laquelle se trouve le royaume de Mohammed VI. Dans son communiqué, en effet, Rabat rejette purement et simplement toute possibilité de rapprochement entre les deux pays à cause des supposées positions algériennes exprimées ces dernières semaines. Rabat, qui se contredit elle-même, comme il sera prouvé plus loin, indique que «les positions algériennes sont en opposition avec les engagements bilatéraux, pris au plus haut niveau, d'oeuvrer au développement des relations bilatérales et maghrébines, tout en laissant le soin aux Nations unies de rechercher une solution politique définitive au différend sur la question du Sahara occidental». Le communiqué, loin de s'arrêter là, poursuit pour dire que «dans ce contexte regrettable, la visite envisagée au Maroc du Premier ministre algérien, M.Ahmed Ouyahia, accompagné d'une délégation comprenant plusieurs ministres, s'avère, pour le moment, inopportune dans l'attente d'une position algérienne cohérente et d'une clarification des intentions réelles, actuelles et futures de l'Algérie, quant à ses rapports avec le Maroc et l'édification maghrébine». Le chantage, qui se laisse deviner en filigrane de ces lignes, contribue à aggraver la délicate position dans laquelle se trouve le Maroc. Alger, ne pouvant demeurer insensible à une pareille agression, a réagi par le biais de sources gouvernementales qui ont requis l'anonymat mais que nous avons pu joindre hier. Selon nos sources, le premier fait notable qui mérite d'être relevé est que «l'Algérie n'a jamais demandé à faire cette visite». Mieux, c'est plutôt l'ambassadeur marocain à Alger qui en a fait l'annonce, ce qui dénote bien le fait que c'est Rabat qui a besoin de l'Algérie et non pas l'inverse. Pressé de questions autour de cette affaire, Ahmed Ouyahia n'a jamais confirmé cette visite, ce qui conforte nos sources dans leur riposte. Celles-ci ajoutent, du reste, que «la fermeture des frontières entre les deux pays arrange au plus haut point l'Algérie tout en aggravant la situation sociale dans l'Est marocain où des dizaines de milliers de Marocains ne vivaient que de contrebande et de commerces multiples faits avec les millions de touristes algériens». L'Algérie, disent nos sources, refusera que ses frontières soient ouvertes à la contrebande de la drogue, mais aussi à l'immigration clandestine, comme c'est le cas au Royaume de Sa Majesté Mohammed VI. Pour ce qui est de l'UMA, ajoutent nos sources, «il n'est un secret pour personne que l'Algérie a tout fait pour que les choses progressent vite dans le bon sens». Or, comme chacun le sait, c'est le Maroc, et uniquement lui, qui en bloque le processus d'édification depuis une dizaine d'années, cela, en contradiction avec la charte portant mise en place de cette union, et dans laquelle il n'est nullement fait référence à la question du Sahara occidental. Sur ce sujet, précisément, nos sources ont tenu à assurer de la manière la plus forte qui soit que ces «circonvolutions» et «agitations» marocaines, qui ne trompent personne, ne réussiront pas à dévier l'Algérie de sa position originelle. Une position légaliste, conforme au droit international, et qui soutient donc les résolutions onusiennes accordant le droit au peuple sahraoui de décider librement et démocratiquement de son destin. Dans sa fuite en avant, Mohamed VI, dans le but d'éviter de rencontrer Bouteflika, a préféré se faire représenter au sommet de Doha par son premier ministre Driss Jettou. Il s'est même permis l'ironie d'adresser un message au G77 dans lequel il parle de valeurs qu'il est le premier à fouler aux pieds. Pendant ce temps, de plus en plus de députés et sénateurs, notamment européens, s'élèvent pour dénoncer le véritable crime contre l'humanité en train d'être commis par l'armée royale marocaine contre le peuple sahraoui. Le président de la Rasd Mohamed Abdelaziz a, pour sa part, saisi officiellement le Conseil de sécurité de l'ONU afin qu'il vienne en aide à tout un peuple en détresse. Dans sa lettre, dont nous avons reçu une copie, le président sahraoui a ainsi «appelé le Conseil de sécurité onusien à protéger la population sahraouie dans les territoires occupés du Sahara occidental contre la répression marocaine, suite à la réaction répressive des forces coloniales marocaines contre des manifestations de Sahraouis à la fin de mai dernier dans les principales villes sahraouies, au sud du Maroc et dans les universités marocaines». Le massacre n'aura pas lieu. Du moins pas à huis clos.