Miguel Angel Moratinos ambitionne de rallier Paris à la position espagnole, favorable au Front Polisario, pour régler la question sahraouie, conformément aux recommandations onusiennes. Madrid est apparemment décidé à assumer sa responsabilité d'ex-puissance occupante du Sahara occidental, si l'on se fie à l'initiative mise en branle par sa diplomatie dans l'espoir de trouver une solution à cette question. Mettant à profit son séjour new-yorkais à l'occasion de la 59e session de l'Assemblée générale de l'ONU, le chef de la diplomatie espagnole a entamé une série de consultations avec toutes les parties concernées, de près ou de loin, par le conflit du Sahara occidental, dans l'espoir de parvenir à une solution rapide. Moratinos a rencontré dans ce cadre le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem. Il s'est également entretenu avec les chefs de la diplomatie mauritanienne, tunisienne pour se faire une idée précise sur les positions des uns et des autres. Auparavant, Moratinos avait pris le soin de discuter avec le souverain chérifien et son ministre des Relations extérieures, dont la position se caractérise par une inconstance déroutante. Le Front Polisario a été aussi consulté. Le fait nouveau est que Madrid cherche à obtenir l'appui de la France quant à la nécessité de régler la question conformément au droit des peuples à l'autodétermination, tel que prévu par le plan Baker. Estimant que ce plan n'était pas “sacro-saint”, le ministre des Affaires étrangères ibérique s'apprête apparemment à formuler de nouvelles propositions pour trouver une issue à ce conflit qui empoisonne les relations entre les pays de la région depuis trois décennies maintenant. L'initiative espagnole semble cependant tributaire du soutien que lui apporterait l'Elysée dans ce cadre. Jusque-là solidaire de la position marocaine, la France hésiterait à laisser tomber son allié traditionnel au Maghreb. En effet, Madrid devra faire preuve de beaucoup de persuasion pour amener Paris à s'aligner sur sa nouvelle position, devenue favorable à l'autodétermination du peuple sahraoui depuis l'avènement des socialistes au pouvoir. Une chose est cependant sûre, Moratinos a affirmé qu'il continuait ses efforts pour convaincre la France de soutenir son initiative. “Nous y travaillons”, a-t-il déclaré, avant d'ajouter : “Nous allons dans cette direction-là.” Il est aisé de déduire de ces déclarations, que les deux pays dont l'influence sur le pays du Maghreb est grande, ne sont pas loin d'unifier leur position sur le sujet. Une telle éventualité fort probable, à voir l'assurance affichée par le diplomate espagnol, acculera inévitablement dans ses derniers retranchements le Maroc. Ce dernier, qui a rejeté les dispositions du plan Baker relatives au référendum, n'aura plus de choix. La perte du soutien français risque d'être fatal aux Marocains. K. A.