Le forcing engagé ainsi de part et d'autre peut très bien aboutir au retrait de la loi contestée. Le président du Sénat, selon des sources proches du Conseil de la nation, devra faire une déclaration au cours de la prochaine séance parlementaire prévue à partir du 28 du mois en cours pour dénoncer la loi sur les rapatriés. Si les deux chambres ne sont pas convoquées par le président de la République avant la fin du mois, thèse vers laquelle penchent nos sources, il est fort possible que les responsables de l'APN et du Sénat optent pour la deuxième option. C'est-à-dire, les groupes parlementaires composant les deux chambres devront se réunir d'eux-mêmes et adopter une motion commune. D'ailleurs, cette option est la plus plausible vu que ce jeudi le RND, qui est majoritaire au Sénat, a dénoncé dans un communiqué à l'issue de la réunion du bureau national du parti qui s'est tenue sous la présidence de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, la loi sur les rapatriés français votée le 23 février dernier ainsi que le projet d'inauguration d'une stèle à la gloire de l'Organisation armée secrète (OAS). Le RND, sur un ton acerbe et vitriolé «considère que cette vile initiative glorifiant les crimes du colonialisme français en Algérie révèlent davantage la portée du révisionnisme français à l'égard des atrocités qui ont accompagné sa présence coloniale en Algérie et dont l'adoption d'une loi scélérate, il y a quelques semaines, a constitué une grave étape assumée par une institution officielle française». Cette mise en garde du parti d'Ouyahia vient conforter la position de Belkhadem qui a été le premier parti à réagir, sans omettre que cette position a été réitérée par la troïka qui compose le gouvernement en place. Le RND pose comme préalable à tout réchauffement entre les deux pays, la reconnaissance des crimes commis contre les Algériens durant la période coloniale. Il est clair que cette effervescence met dans l'embarras les deux présidents de la République qui n'ont eu de cesse d'appeler à la refondation des relations bilatérales mais qui préfèrent laisser le soin aux élus et à la société civile d'apaiser les tensions. La société civile française se mobilise Daniel Simonpieri, maire de Marignane, a demandé au président de l'Adimad (Association de défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française), Jean-François Collin, de suspendre le projet d'inauguration d'une stèle à la gloire de l'OAS, prévue le 6 juillet, «le temps que les passions s'apaisent». Cette demande intervient après une série de condamnations de plusieurs associations et des pouvoirs publics, dont celle, mercredi, du ministre français délégué aux Anciens combattants, Hamlaoui Mekachera. Le préfet de la région avait également demandé mardi l'interdiction de l'inauguration de cette stèle dans un cimetière de Marignane.