La décision semble avoir été prise tacitement hier lors d'une réunion entre Saïdani et les présidents de groupes parlementaires. Finalement, la réunion des deux chambres parlementaires sur convocation du président Bouteflika en vue d'adopter une motion dénonçant la fameuse loi française sur les rapatriés n'aura pas lieu. C'est ce qui est ressorti, en filigrane, hier, de la rencontre qu'a présidée Amar Saïdani, président de l'APN, avec l'ensemble des groupes parlementaires. Selon des sources proches de cette rencontre, en effet, «il y a surtout été question de la date de clôture de la session de printemps, mais aussi du renouvellement des instances et structures». Amar Saïdani, en concertation avec les présidents de groupes parlementaires, aurait ainsi décidé d'accorder un délai supplémentaire aux députés afin qu'ils puissent mener à bien les opérations de renouvellement, soit via les urnes, soit par cooptation. Cette question se pose avec acuité pour le FLN dont 150 députés avaient adressé une pétition à Abdelaziz Belkhadem, lui demandant d'accepter le verdict des urnes dans le renouvellement des quelque 20 postes de responsabilité qu'occupe ce parti au sein de la chambre basse du Parlement. Il semble que le secrétaire général du FLN ait décidé d'accepter cette demande à condition que le poste de président du groupe parlementaire ne passe pas par le même mode électoral, au regard de l'importance stratégique, politique et médiatique qu'impliquerait l'élection d'un député connu pour son hostilité au programme gouvernemental. Un problème autrement plus épineux se pose concernant le renouvellement des structures du mouvement El Islah. Ici, Saïdani a dû faire face à des listes différentes relatives aux deux courants qui se disputent la direction légitime du parti créé par Saâd Abdallah Djaballah. Ici, Saïdani aurait l'intention de tout rejeter en attendant que la justice tranche le litige. Dans tous les cas de figure, la clôture de la session de printemps, initialement prévue pour le 2 juillet prochain, interviendra avant le 10 du même mois. C'est ce qu'a indiqué le président de l'APN pour qui il n'est plus question de convoquer les deux chambres parlementaires au Palais des nations. Les tensions, nous disent nos sources, sont tombées immédiatement après que Mohamed Bedjaoui, chef de la diplomatie algérienne, se soit officiellement exprimé au sujet de cette loi controversée pour déclarer qu'il s'agissait d'une affaire «franco-française». Les observateurs s'attendaient, depuis le début, à un pareil épilogue, sachant que Bouteflika, suivant l'article 118 de la Constitution, n'aurait jamais convoqué le Parlement, comme la demande lui en avait été formulée par le bureau de l'APN. Le président algérien oeuvre au contraire au renforcement des relations entre l'Algérie et la France. Avec le concours de l'Elysée, également engagé sur cette voie, Alger et Paris espèrent bien arriver à conclure un historique traité d'amitié d'ici à la fin de cette année. Des rumeurs vont même jusqu'à dire que le Sénat français serait sur le point de bloquer cette loi controversée en attendant que lui soient apportés les amendements nécessaires afin qu'elle ne glorifie plus le colonialisme.