Les combats entre groupes terroristes ont provoqué des fuites massives Samedi dernier, le président Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que des rebelles syriens soutenus par la Turquie étaient sur le point de lancer une nouvelle offensive à Idlib dans l'intention de chasser Tahrir al Cham de toute la province. Acculés dans la zone de regroupement autour de la ville d'Idlib, les prétendus jihadistes d'Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, qui avaient, au début de l'année en cours, imposé leur domination aux autres factions terroristes sont désormais aux abois tant la pression de l'armée syrienne et de ses alliés est devenue prégnante. Tout en poursuivant leur progression du côté de Deir Ezzor pour contrer les velléités des FDS appuyés par la coalition internationale que conduisent les Etats-Unis, les troupes de Damas sont en train de prendre en tenailles l'ensemble des bastions où perdure la présence de Daesh et celle des groupes rebelles de plus en plus isolés. Nombre de sources sont unanimes pour dire que ces groupes apparaissent désormais en déconfiture, les divisions qui les minent apparaissant au grand jour et les défections se multipliant à toute vitesse. La menace d'une éventuelle offensive que la Turquie s'apprêterait à lancer de nouveau contre ces ultimes poches extrémistes a carrément déclenché la panique chez les partisans de l'actuel Fath al Cham, appellation adoptée par Al Nosra pour tenter de semer la confusion. Cette coalition hétéroclite d'extrémistes et d'agitateurs politiques a encore la mainmise sur la presque totalité de la région d'Idlib, au nord du pays, où le gouvernement de Damas a exfiltré la majeure partie des rebelles vaincus à Damas, Homs et surtout Alep, Théoriquement en rupture de ban avec Al Qaïda, cette organisation terroriste, qui s'est signalée par la cruauté de ses nombreuses exactions et son art dans l'intox quand il s'agit de mettre en cause le régime du président Bachar al Assad, est pourtant classée terroriste par plusieurs pays occidentaux membres de la coalition internationale, ce qui ne les empêchait pas de la soutenir «indirectement». L'omniprésence de Fath al Cham au sein de l'alliance baptisée Tahrir al Cham a eu pour conséquence un rejet croissant par la population civile excédée par les comportements brutaux et les spoliations de ses éléments, au point que beaucoup souhaitent presque ouvertement l'arrivée des troupes turques. La nouvelle a des raisons d'être parce que samedi dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que des rebelles syriens soutenus par la Turquie étaient sur le point de lancer une nouvelle offensive à Idlib dans l'intention de chasser Tahrir al Cham de toute la province. C'était à la veille de l'affrontement qui a opposé des forces turques à des éléments de Tahrir al Cham, sur la frontière entre les deux pays. Il se trouve que la province d'Idlib fait partie des quatre zones de désescalade mises en place par les parrains internationaux des pourparlers d'Astana, au Kazakhstan, en mai dernier. Théoriquement, une trêve y est établie que les protagonistes sont tenus de respecter scrupuleusement. Mais on se doute que la paix n'est pas aussi permanente qu'on le pense. Les négociations conduites par la Russie et l'Iran, soutiens du gouvernement syrien, et la Turquie, soutien des rebelles, ont abouti à un cessez-le-feu que les 10.000 hommes de Tahrir al Cham ont du mal à accepter totalement. Moscou a annoncé mercredi dernier que le chef de cette coalition Mohammad al Jolani avait été grièvement blessé lors d'un raid aérien russe dans la région, ce qui a accru la défiance des éléments les moins embrigadés, au motif qu'Al Nosra domine outrageusement la coalition et impose sa loi. L'objectif d'Ankara avec une nouvelle offensive est d'attiser le feu de la contestation et d'accroître le nombre des défections depuis que Tahrir al Cham a ouvert les hostilités sans crier gare avec l'autre groupe le plus puissant de la coalition Ahrar al Cham, complètement laminé. Cette attaque a contribué à faire éclater la coalition en poussant à la rupture le groupe Nourredine al Zinki qui compte plusieurs milliers de combattants, rejoint quelques semaines plus tard par Jaïch al Ahrar, souvent présenté comme la phalange élitiste de la nébuleuse terroriste en Syrie. Pour la plupart des observateurs, le conflit syrien est entré dans une phase nouvelle. Les groupes rebelles syriens ont pris la mesure de la nocivité et de la menace réelle que constituent les factions terroristes comme Al Nosra. Du coup, ils sont amenés à faire preuve de davantage de lucidité dans leur approche des pourparlers avec le gouvernement syrien, que ce soit à Astana ou à Genève, sachant que les victoires multiples remportées par l' armée syrienne ont assuré le contrôle par Damas de plus de 60% du territoire tandis que l'offensive contre Daesh se poursuit sur plusieurs fronts, notamment à Deir Ezzor. Signe que les prochains jours risquent fort de voir les affrontements entre Tahrir al Cham, dominé par Al Nosra, et les autres groupes rebelles atteindre leur paroxysme.