Cet hommage tombe également à point nommé puisque Malika Domrane signe depuis quelques mois un grand et retentissant retour dans les quatre coins de la Kabylie, où elle ne cesse de se produire et de multiplier les visites dans les villages en tant qu'artiste, sur invitation des citoyens et des associations culturelles. Quelle ingénieuse idée que celle consistant à rendre hommage à l'une des plus grandes figures de la chanson kabyle féminine, comme Malika Domrane, à l'occasion de la tenue d'un festival de la robe kabyle! Eh bien, c'est fait! L'idée revient aux organisateurs de la 9e édition du festival de la robe kabyle du village Ihamziène dans la commune de Illoula Oumalou, à soixante kilomètres au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Pourquoi l'hommage à Malika Domrane est bien mérité? c'est justement parce que la même Malika Domrane n'a pas cessé de rendre hommage à cette robe kabyle en la portant à chaque fois que l'occasion s'est présentée à elle, depuis son plus jeune âge et depuis ses tout débuts dans la chanson en 1981. Quand on essaye de penser à une image de cette star kabyle, on a beau remonter dans ses lointains souvenirs, elle a été toujours parée d'une tenue traditionnelle kabyle. Il s'agit, pour elle, d'affirmer son identité kabyle et amazighe, car chanter seulement ne suffit pas. Il faut joindre l'acte à la parole. C'est ce qu'a toujours fait Malika Domrane. Ce n'est donc pas un hasard aujourd'hui si le comité d'organisation du festival de la robe kabyle de Illoula Oumalou l'a élue pour qu'elle soit l'invité d'honneur et pour qu'elle soit honorée. Cet hommage tombe également à point nommé puisque Malika Domrane signe depuis quelques mois un grand et retentissant retour dans les quatre coins de la Kabylie, où elle ne cesse de se produire et de multiplier les visites dans les villages en tant qu'artiste, sur invitation des citoyens et des associations culturelles. Le festival de la robe kabyle d'Illoula Oumalou a donc démarré dimanche dernier dans une ambiance festive et des grands jours. Organisé chaque année par l'association Tagmats d'Ihamziène, ce festival draine à chaque fois des dizaines d'exposantes qui proviennent des quatre coins de Kabylie pour plaider inlassablement la «cause» de la robe kabyle dont le déclin, ces dernières années, est incontestable et se fait de plus en plus ressentir. En effet, de plus en plus, la robe kabyle n'est plus portée que durant les journées de fêtes de mariages et de circoncision. «Elle est devenue presqu'une robe de soirée», déplore, avec dépit, l'une des exposantes de la wilaya de Tizi Ouzou qui ne rate pourtant et malgré tout aucune occasion pour se rendre à Illoula Oumalou à l'occasion de ce festival. Toutefois, ajoute notre interlocutrice, la robe kabyle «simple» et sans effets spéciaux reste aussi une tenue très portée à l'intérieur de la maison. Mais dès qu'il s'agit de mettre le pied dehors, la majorité des femmes kabyles préfèrent enfiler un jean et autres tenues occidentales ou encore le voile islamique dans certains cas. Quant à l'hommage rendu à la star de la chanson kabyle féminine Malika Domrane dans le sillage de ce festival, les responsables de l'association Tagmat ont expliqué que l'objectif consiste à honorer le long et riche parcours artistique de cette figure emblématique de la chanson algérienne qui, à sa manière, a fait de la résistance. Car, une femme qui chante, surtout à l'époque, c'est synonyme d'une véritable révolution dans la société. Il faut rappeler que ce n'est pas du tout le fruit du hasard si le village Ihamziène organise chaque année ce festival. En effet, l'activité de fabrication de robes kabyles est très pratiquée dans ce hameau. Il existe actuellement 15 ateliers de couture dans ce petit village de quelques centaines d'âmes. Et les gérantes de tous ces ateliers font continuellement de la résistance pour sauver la «vie» à la robe kabyle qui est de plus en plus menacée de disparition, selon la majorité des témoignages. «Ici, nous avons réussi à résister à l'invasion vestimentaire. La robe kabyle s'est développée en adoptant des caractéristiques plus esthétiques», a indiqué une autre exposante, couturière et gérante d'un atelier. Une autre participante, beaucoup plus optimiste ajoute: «La robe kabyle est devenue un habit quotidien et n'est plus un habit de fête et est portée même par les jeunes filles, grâce à l'évolution esthétique qu'elle a adoptée». Côté statistiques, il y a lieu de souligner, que dans la wilaya de Tizi Ouzou, il existe 1533 artisans officiellement recensés au niveau du registre de la couture du vêtement traditionnel. Par ailleurs, l'Etat contribue aussi à la promotion de la robe kabyle en livrant, par exemple, du matériel de couture, via le Fonds national de promotion de l'activité artisanale traditionnelle (Fnpaat). Par ailleurs, des locaux commerciaux au niveau de la maison de l'artisanat ont été attribués dans le cadre de l'aide octroyée par l'Etat pour la promotion des produits de l'artisanat traditionnel. Au terme de ce festival, la chanteuse Malika Domrane, dont la voix gutturale a bercé des dizaines de milliers de fans, surtout dans les années quatre-vingt, animera une table ronde pour se raconter et raconter sa Kabylie de A à Z, l'art de manière générale et la chanson kabyle plus particulièrement. Elle expliquera, sans doute, l'origine du tissu qui porte son nom en Kabylie: le tissu de Malika Domrane (Lketsan n Malika Domrane). Qui s'en souvient au fait?