Les services algériens, américains et français pourraient entrer en course pour l'obtention de l'extradition des Algériens arrêtés à Sarajevo, soupçonnés d'avoir des liens avec Ben Laden. Le dossier des six Algériens arrêtés en Bosnie pour appartenance à Al-Qaîda et tentative de préparation d'un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Sarajevo prend une autre tournure. L'annonce des autorités bosniaques de leur disponibilité à les extrader vers tout pays qui désire les avoir, risque de déclencher une course entre les services. Emanant du vice-ministre de l'Intérieur bosniaque, la décision d'extradition semble être très explicite: «Nous sommes prêts à extrader ces membres accusés de constitution d'un groupe pour des actions terroristes, vers n'importe quel pays qui désire les accueillir.» En effet, alors que les autorités algériennes ne se sont pas prononcées officiellement sur leur cas, les Américains, qui ont eux-mêmes demandé leur arrestation au mois de novembre, semblent vouloir prendre les devants. Des hauts responsables du FBI sont déjà dans la capitale bosniaque pour le suivi de l'enquête en cours qui s'achèvera avant la fin du mois. L'intervention hâtive des émissaires du Bureau fédéral américain s'explique par le fait que les Bosniaques ont avancé la possibilité d'extradition avant les échéances prévues. L'intérêt que portent les Américains au sort de ces Algériens qui travaillaient pour une association islamique de bienfaisance, intervient à la suite d'une écoute téléphonique sur la ligne d'un des membres de ce groupe. Selon les services de l'ambassade américaine en Bosnie, il s'agirait d'une communication avec un des «officiers» de Ben laden, où «il était convenu la préparation des attentats contre des intérêts américains en Bosnie, notamment son ambassade à Sarajevo». L'avocat du groupe a d'ailleurs indiqué que «les accusations ne sont pas fondées et qu'elles sont basées uniquement sur des présomptions». Le silence des autorités algériennes au sujet de ces individus déchus de la nationalité bosniaque a laissé libre court à toutes les interprétations. Certains évoquent le fait qu'ils n'ont pas été cités à travers les différentes enquêtes menées sur les terroristes arrêtés ou ceux qui se sont rendus à la justice algérienne dans le cadre de la loi sur la concorde civile. Par voie de conséquence, d'éventuelles demandes d'extradition vers leur pays d'origine risquent de se heurter aux réponses négatives habituelles. A cause de procédures très strictes pour les extraditions, les Algériens ont été empêchés d'arriver à certaines vérités relatives aux activités des groupes islamiques armés (GIA) implantés en Europe et leurs liens avec les massacres contre les civils. Cela sans omettre, bien entendu, la concurrence active des Américains qui utiliseront tout leur poids pour obtenir l'extradition du groupe vers les USA. Coopération antiterroriste internationale oblige. Le démantèlement d'un réseau de trafic d'armes dans la banlieue parisienne au cours des mois derniers, précipitera, sans nul doute, l'entrée en course de la France. A ce propos, la plupart des aveux des terroristes arrêtés aussi bien dans l'affaire du gang de Roubaix, que dans d'autres, ont convergé vers l'implication directe ou indirecte d'anciens moudjahidine et d'Afghans arabes qui ont participé à la guerre dans les Balkans. Des zones d'ombre n'ont pas été, pour le moment, dissipées, ce qui a causé le report successif des procès. Il est devenu utile pour les Français, en particulier et les Européens en général, que ces Algériens se confessent sur les activités dont ils seraient les auteurs en Europe. Si la demande algérienne d'extrader le groupe vers Alger se confirme, la justice algérienne saura-t-elle convaincre les Américains et les Européens, qui sont, dans ces conditions, à la fois juge et partie? Les Bosniaques, quant à eux, ont annoncé leur penchant pour Washington par des mots à peine voilés. «Ce groupe est tenu de s'expliquer sur ses intentions de toucher aux intérêts d'un pays ami qui est l'Amérique», a déclaré un haut responsable bosniaque.