De quoi sera faite la cartographie politique en 2021, après le référendum sur la révision constitutionnelle, la promulgation de la nouvelle loi électorale, les législatives anticipées? Dans sa déclaration au quotidien français L'Opinion, le chef de l'Etat en réponse à une question s'il comptait créer une grande formation politique?» a affirmé qu'«il est en train de construire des institutions dans lesquelles, si le peuple les accepte, les deux catégories, la société civile et les jeunes seront majoritaires». L'Assemblée populaire nationale fait partie de ces institutions qui captent l'intérêt des observateurs, pour ce qu'elle symbolise comme pratique démocratique de l'Etat. La représentation populaire pourrait donc connaître un changement assez significatif, d'autant que le chef de l'Etat n'a jamais caché son souhait de renouveler la scène politique. Il va de soi que cette impulsion qu'entend exercer le chef de l'Etat dans le corps politique aura pour conséquence l'émergence, à l'occasion des prochaines élections législatives de listes indépendantes composées de jeunes et de candidats issus des associations et organisations de la société civile. Il va de soi, également, qu'encouragés par une dynamique sociétale neuve, les partis politiques recruteront dans la jeunesse et celle-ci serait aussi tentée de créer de nouvelles formations politiques. Il n'est pas dit que toutes les expériences soient couronnées de succès, mais des partis émergeront forcément. L'on s'attend donc à ce que les prochaines échéances électorales soient âprement disputées entre les listes indépendantes, celles des partis traditionnels et les nouvelles formations nées de la dynamique nouvelle. Pour peu que la régularité, la crédibilité et la transparence de ces législatives soient garanties, ces joutes permettraient d'enclencher le processus de la reconstruction du champ politique fortement chamboulé par le Hirak depuis le 22 février 2019, d'après de nombreux observateurs. Dans ce cas de figure, les nouvelles listes, issues de la dynamique, ont toutes les chances de ravir au FLN, RND, MSP et d'autres partis classiques, un nombre non négligeable de sièges à l'APN. Et pour cause, avec un taux de participation plus élevé que celui enregistré lors des élections précédentes, il est entendu que toutes les voix des «primo-votants» seront comptabilisées sur le compte des «nouveaux entrants» dans la scène politique. Ce qui est valable pour les partis traditionnels ayant exercé le pouvoir, l'est également pour les partis de tout aussi traditionnels et ayant pratiqué l'opposition. Cela suppose une évolution des rapports de force au sein de la scène partisane et donc une révision totale de la logique actuelle qui différentie le pouvoir de l'opposition. Ce scénario, qui consiste à une redistribution des cartes à travers des législatives encore inédites dans les annales de la République, aura des chances d'aboutir à la seule condition que le Hirak prenne le parti d'entrevoir une autre forme de lutte que les manifestations de rue. Il va de soi que cela suppose pas mal de préalables, dont une démarche sincère du pouvoir en terme de processus électoral. En tout cas, cette propension à adopter l'agenda présidentiel commence à transparaître, y compris dans les états-majors de certains partis politiques. Cet intérêt soudain peut entraîner l'échec de l'initiative, en ce sens que les partis traditionnels seraient «heureux» de ne pas se faire bousculer par une nouvelle génération de politiques, en «phagocytant» le processus. À défaut d'aboutissement de la démarche présidentielle ce sera la continuité avec la majorité classique du duo FLN-RND et une opposition tout aussi classique. Et tout ce beau monde se partagera quelque 30 à 40% de toute l'assiette électorale nationale.