Pour rappel, c'est le premier écrivain amazighophone à avoir obtenu ce prix prestigieux puisque ce dernier a été lancé justement en 2015. Depuis Rachid Boukherroub, d'autres écrivains ont été également récipiendaires du même prix à l'instar de Lynda Koudache, Mustapha Zarouri et Djamel Laceb. Rachid Boukherroub, une année après la réception du prix Assia Djebar du meilleur roman en tamazight, est revenu avec un deuxième roman, édité par El-Amel. Depuis 2016 donc, Rachid Boukherroub s'est en quelque sorte éclipsé de la scène littéraire. Mais il n'a pas rompu avec l'écriture. Bien au contraire, cette absence s'explique par le fait que Rachid Boukherroub était plongé dans l'écriture d'un troisième roman qui vient tout juste d'être édité après plus de trois ans de travail acharné. L'inspiration ne semble pas manquer à Rachid Boukherroub, mais ses obligations professionnelles (il est directeur de lycée) font qu'il doit souvent piocher pour trouver du temps libre pour noircir les centaines de pages qui sont devenues ce nouveau roman qui vient enrichir la bibliographie amazighe. Cette dernière connaît un essor spectaculaire ces dernières années avec en moyenne la sortie d'un roman tous les mois, voire de deux romans par mois. Aux années 1970 Ce roman est intitulé «Akken iwen yehwa semit-as» et il parait aux éditions El-Amel de Tizi Ouzou, a indiqué l'auteur. Il s'agit d'un livre inspiré directement de ce que Rachid Boukherroub a vécu ou de ce qu'il a vu de ses propres yeux dans les villages de Kabylie où il a passé son enfance et toute sa vie. Il les connaît donc très bien. La période où se déroule la trame de ce nouveau roman remonte aux années soixante-dix et il s'agit de montrer avec un style narratif captivant comment ont été vécues les années ayant succédé à l'indépendance du pays dans les villages de Kabylie. Certains pères de famille ont choisi d'émigrer pour nourrir leurs enfants alors que d'autres ont préféré rester au côté des leurs même si la pauvreté les menaçait constamment. L'auteur décrit ainsi ces jours d'incertitude ayant succédé à l'euphorie de la victoire et de l'indépendance chèrement payée. Un style captivant Comme dans chacun de ses romans, dans celui-ci y compris, Rachid Boukherroub ne fait pas que développer la trame de son récit, mais il fait découvrir au lecteur la richesse et surtout la signification et le sens des traditions pratiquées avec fidélité dans les villages kabyles. D'ailleurs, le roman s'ouvre directement sur Timechret ou Lewzia qui est un événement annuel sacré et immuable organisé dans les villages à la veille de chaque coup d'envoi de la saison de la cueillette des olives, tout aussi sacrée pour les familles kabyles. Rachid Boukherroub explique dans le détail cette tradition et met en lumière ses objectifs que le lecteur ne connait pas forcément. Notre auteur a choisi d'écrire en langue amazighe parce qu'elle lui permet d'aller au fond de ses pensées tout en restant profondément enraciné dans sa langue et culture. Un roman à lire car Rachid Boukherroub nous donne une vision sur la vie en Kabylie dont l'échantillon est un versant sur lequel il n'existe pratiquement pas d'écrits.