Qui aurait dit qu'après une trentaine d'années de mise en quarantaine par les gouvernements socialistes successifs des compétences issues de l'immigration, une française d'origine algérienne, allait être nommée au poste de ministre? C'était sous Chirac et dans le gouvernement de Jean Pierre Raffarin. Tokia Saïfi, cette «beurette» attachée à l'Algérie, notamment la région de Biskra qui a vu naître son père, croit dur comme fer, qu'elle pourrait être d'un apport considérable pour la communauté immigrée et au pays de ses ancêtres. D'ailleurs lors de son séjour, elle a procédé avec son frère Salim à l'inauguration à Biskra d'un centre informatique et d'une école de couture. L'ancienne secrétaire d'Etat au développement durable et actuelle eurodéputée voulant clouer le bec aux mauvaises langues, qui présentent comme une sorte de «pion» destiné à amuser la galerie, Saïfi ne se laisse pas complexer. «J'ai été choisie par le président Chirac, non pas parce que je suis une énarque, mais étant convaincu que je pourrais apporter un plus de par mon expérience dans le mouvement associatif.» Par ailleurs, et même avec l'avènement du gouvernement de Dominique de Villepin, elle avait été nommée ministre déléguée à la ville, avant de se décharger pour sa mission d'eurodéputée. A noter que ce bout de femme, qui croit que l'intégration n'est pas synonyme d'appartenance à des partis de gauche, qui, à leur tour, justifient le manque de représentativité des Français d'origine maghrébine dans les hautes sphères de l'Etat, par le manque d'instruction, estime que les beurs, à travers les différentes générations, doivent s'imposer grâce à leur travail et à leur génie. Née le 11 juillet 1959 à Hautmont (Nord de la France) elle est la quatrième d'une fratrie de dix enfants, dont un frère Abdelkader, qui a été journaliste à La Voix du Nord et Mohamed et Salim qui ont créé l'association Quartiers sans frontières dans le Nord. Diplômée d'études universitaires en 1984, études juridiques en 1986, elle est fondatrice et animatrice de l'association espace intégration (1987), directrice des projets pour les jeunes issus de l'immigration (1988-1999). A noter également que son engagement pour le processus de paix au Proche-Orient figure en bonne place dans son CV, puisqu'elle a été responsable d'une cellule de soutien à ce processus. Pour une meilleure intégration des communautés dans le processus de développement, Saïfi a organisé un mouvement de participation des minorités ethniques à la vie publique.