La visite de Philippe Douste-Blazy en Algérie et celle de Mohamed Bedjaoui aux Etats-Unis ont eu la part du lion. Après Belkhadem et Soltani, c'est au tour du secrétaire général du RND de clore la valse des chefs des partis de l'Alliance présidentielle au forum de l'Entv. C'est sa troisième sortie en l'espace d'un mois en tant que chef de l'Exécutif et deux en sa qualité de patron du RND. Une occasion pour M.Ahmed Ouyahia de s'exprimer sur les principaux thèmes de l'actualité nationale et internationale. La visite de Philippe Douste-Blazy en Algérie et celle de Mohamed Bedjaoui aux Etats-Unis, ont eu la part du lion lors du jeu questions-réponses. Pour M.Ouyahia, «la politique étrangère est quelque chose de très sérieux. Et réduire les relations algéro-françaises à la signature d'un traité d'amitié est une vision réductrice». Le secrétaire général du RND poursuit: «La maladie du chef de l'Etat n'a rien à voir avec le retard mis dans la signature dudit accord, puisque les conditions de M.Bouteflika sont connues bien avant qu'il ne soit malade.» Ouyahia rappellera que «cela fait plus d'une année que nous disons qu'il faut assainir le passé entre l'Algérie et la France. La loi du 23 février 2005 a creusé un large fossé entre nous.» Avant de s'interroger la France n'a pas signé de traité d'amitié avec nos voisins marocains et tunisiens, mais cela n'a pas empêché pour autant que la qualité des relations est nettement meilleure qu'avec l'Algérie. Il donnera l'exemple des visas. «Les Algériens doivent attendre plusieurs semaines pour obtenir un visa, contrairement aux Marocains et aux Tunisiens qui n'éprouvent aucune difficulté.» M.Ouyahia ira plus loin en disant: «Je ne pense pas que nous pouvons être des frères avec les Français» dans ces conditions. «Il y a plusieurs dossiers qui bloquent ce projet d'amitié», ajoute-t-il. Interrogé sur la portée de la visite aux Etats-Unis de Mohamed Bedjaoui, qui intervient curieusement au lendemain de la visite de Douste-Blazy, Ouyahia interroge à son tour: «Croyez-vous que l'on peut organiser une visite en 24 heures?» En somme, selon MOuyahia, «la politique spectacle peut peser sur le plan interne. Les relations internationales sont trop sérieuses». Selon lui, «nous n'avons ni déclenché une crise avec la France, ni atteint un summum avec les Etats-Unis. Notre intérêt est celui de notre pays» : Se prêtant volontiers aux questions des journalistes, M.Ouyahia, à une question de savoir qu'elle était son appréciation des critiques proférées par le chef de l'Etat lors de sa dernière sortie dans la capitale, à l'encontre des ministres RND, répond que «nul ne peut nier que la gestion en Algérie est un enfer» et que les remarques du chef de l'Etat étaient fondées d'autant plus que le retard était visible sur le terrain, faisant allusion à l'aérogare d'Alger. Par ailleurs, tout en excluant d'un revers de la main toute révision constitutionnelle et partant la création d'un poste de vice-président, le conférencier a réitéré le soutien de son parti à la candidature de M.Bouteflika, si ce dernier se présentait pour un troisième mandat. Il rappellera que le régime présidentiel n'est pas approprié à l'Algérie, car le président dans ce cas ne pourra pas dissoudre le Parlement. Evitant d'égratigner ses partenaires de l'Alliance, notamment Belkhadem et Soltani, le secrétaire général du RND fera savoir toutefois que chaque parti a ses propres positions et qu'à l'exception du soutien au programme du chef de l'Etat, nous n'avons pas forcément les mêmes appréciations de la situation politique nationale. Justement, interrogé par un confrère sur les raisons de son refus d'accepter l'adhésion au RND de ceux qui ont pris les armes contre leur pays, Ouyahia rétorque: «Nous veillerons au respect, à la virgule près, de la charte pour la paix. Ce qui ne veut pas dire que le RND ouvrira ses portes devant ceux qui ont combattu l'Etat algérien». Ouyahia parlera aussi de la manipulation des familles des victimes du terrorisme et des patriotes. «Nous connaissons les parties qui incitent les familles des victimes du terrorisme à tenir des rassemblements devant le Palais du gouvernement», indique M.Ouyahia. Concernant les prochaines élections législatives, le secrétaire général du RND exclut toute présentation de listes communes avec les partis de l'alliance. Comme il ne voit pas l'utilité de l'adhésion d'autres formations politiques à l'alliance, qui dit-il «doit d'abord mûrir». Les déclarations des dirigeants de l'ex-Fis, notamment Ali Benhadj, n'ont pas été en reste des questions de la presse. «Ce n'est pas dans les trépidations qu'on gère les affaires de l'Etat.» Avant de poursuivre : «Quant aux déclarations auxquelles vous faites allusion, qui vivra verra».