La quasi-totalité des détenus politiques sont concernés, selon le gouvernement. Les chiffres officiels des disparus, des détenus, des travailleurs licenciés et des familles touchées par la tragédie sont enfin communiqués à l'opinion publique. Les services du chef du gouvernement ont rendu public hier un communiqué, à l'issue de la réunion de la Commission de suivi de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation. «La liste consolidée» comporte 7100 cas transmis à l'ensemble des commissions de wilaya. Parmi eux, on compte «3000 disparus qui ont fait l'objet d'un jugement ou de décès», précise-t-on. «Plus de 7000 personnes se réclamant de liens de parenté avec des personnes disparues ont déjà été reçues au niveau des différentes commissions de wilaya compétentes», ajoute-t-on. Dans le même temps, «la Commission nationale de suivi a ordonné aux walis, présidents des commissions compétentes, de veiller à ce que les familles des disparus, déjà en possession d'un jugement de décès, soient pleinement assistées dans la finalisation des dossiers d'indemnisation et que celles en attente d'un jugement de décès soient assistées dans leur démarche envers la justice». Par ailleurs, «près de 2200 détenus ont été libérés, soit la quasi-totalité des personnes concernées», souligne-t-on. La libération des bénéficiaires des mesures de consolidation de la paix n'a aucun rapport avec le phénomène du banditisme que l'Etat s'est attelé à combattre avec constance et détermination. En outre, les services de police veillent avec vigilance au suivi de la situation, alors que les forces de sécurité de la République mènent une lutte sans relâche sur le terrain pour détruire les groupuscules qui auront décidé de tourner le dos à la main que le peuple algérien leur a tendue. Les allégations prétendant que les personnes libérées dans le cadre de la charte sont l'objet de mesures «sociales», dont le versement d'une pension ou l'octroi d'autres avantages, sont dénuées de tout fondement. Le même communiqué indique que «la liste nominative des terroristes abattus dans le cadre de la lutte contre (le) fléau (du terrorisme) a déjà été établie par les autorités compétentes et comporte près de 17.000 noms», ajoutant que cette liste «demeurera la seule matrice de travail en la matière». Les commissions de wilaya «ont déjà engagé des enquêtes sociales à même d'identifier les familles démunies ayant un proche figurant sur la liste des personnes abattues dans le cadre de la lutte contre le terrorisme», ajoute la même source, qui précise que «plus de 7000 personnes proches de terroristes abattus se sont présentées aux commissions de wilaya». Sur le registre relatif aux licenciements, il est indiqué que «plus de 5000 personnes déclarant avoir fait l'objet de mesures administratives de licenciement pour des faits liés à la tragédie nationale se sont déjà présentées au niveau des différentes commissions où il leur a été expliqué quelles sont les pièces et preuves qui doivent impérativement composer le dossier de réclamation de la réintégration ou de l'indemnisation». «Les éléments qui ont eu le mérite de participer volontairement à la défense de la patrie contre le terrorisme (...) seront, le moment venu, l'objet de l'attention requise de la part de l'Etat qu'ils ont contribué à sauvegarder». La commission de suivi présidée par le chef du gouvernement annonce ainsi les premiers chiffres officiels sur la tragédie nationale qui viennent conforter les chiffres annoncés par Ouyahia, lors de sa dernière conférence de presse. Cette annonce vient stabiliser les chiffres des disparus qui variaient entre 6000 et 7000 cas. Rappelons que ce thème lié à la «nature» des disparus a suscité une polémique intense entre les familles de disparus et les autorités politiques, depuis la fin du conflit. Mais rien n'indique que l'annonce officielle fera taire certaines familles qui revendiquent plus de transparence sur le sort des leurs pour pouvoir faire leur deuil. Rappelons enfin que la commission de suivi a été installée après la promulgation des ordonnances relatives à l'application Charte afin de mener à terme l'opération de recensement des familles touchées par la tragédie nationale, en fermant définitivement les plaies à vif.