Le douloureux dossier des disparus est de nouveau sous les feux de l'actualité. M.Farouk Ksentini, président de la Commission nationale pour la promotion et la protection des droits de l'homme, invité de la Chaîne III, a reconnu que parmi les 6146 cas de disparus recensés, 18 d'entre eux se sont manifestés. Sur fond du problème des droits de l'homme et de l'état d'urgence qui, selon lui, ne restreint pas les libertés individuelles et d'expression puisqu'il ne représente qu'un arsenal juridique pour mener la lutte contre le terrorisme et l'insécurité, M.Ksentini a rappelé que l'Algérie a produit des efforts colossaux et considérables en matière des droits de l'homme grâce aux réformes récentes engagées dans le secteur de la justice. Bien que ces droits demeurent substantiels et fugaces, ils doivent être répandus afin d'en faire une culture. Il a relevé, par ailleurs, les déclarations de certaines ONG étrangères qui ont épinglé l'Algérie dans ce domaine. Déclaration visant à ternir l'image du pays à cause de leur méconnaissance de la situation algérienne. Le rapport rendu public par le comité des droits de l'homme des Nations unies ainsi que la recevabilité des requêtes introduites par des familles de disparus ont poussé l'Etat algérien à une contre-offensive revêtant des allures diplomatiques. Cette mission a été confiée à un monstre de la politique algérienne, complice de toujours du président de la République, premier magistrat de la planète, lorsqu'il a occupé le fauteuil de président de la Cour internationale de justice, M.Bedjaoui, actuellement ministre des Affaires étrangères. C'est donc à ce juriste accompli, sommité dans le droit international qu'échoit la délicate mission de redorer l'image ternie de l'Algérie dans le domaine des droits de l'homme. Conséquence d'une stratégie qui a charrié tant de douloureuses réminiscences et dont il faut à présent cicatriser les plaies. C'est dans ce sens que le chef de la diplomatie algérienne, qui a récemment séjourné à Genève, a rencontré le président de la Fédération internationale des droits de l'homme. Au cours de cette rencontre, il a été demandé le soutien de l'Algérie au projet de Convention internationale sur les disparitions forcées ou volontaires. Des informations sur la charte pour la paix et la réconciliation ont été fournies par M.Bedjaoui à son interlocuteur. Ce séjour a été aussi l'occasion d'un «entretien cordial» avec Mme Louise Harbour Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme. Abordant le problème des 25 Algériens détenus à Guantanamo, M.Ksentini a avoué les difficultés rencontrées pour les contacter. Leurs familles ont pu cependant avoir de leurs nouvelles par l'intermédiaire d'un avocat américain qui doit défendre leur cause. Il a décrit Guantanamo comme un espace de non-droit puisqu'il se trouve en territoire cubain. Le président américain serait en train de céder sur cette question sous la pression internationale et les détenus au nombre de 400 seraient en voie d'être libérés. Les moyens mis en oeuvre pour contrer la menace islamiste ont engendré des situations sans précédent sur le plan du droit. La détention de «combattants ennemis» à Guantanamo, hors du respect de toute convention internationale, et le jugement d'une poignée d'entre eux par un tribunal militaire, n'en sont que la preuve la plus criante.