Voici un conflit qui a les mêmes causes mais qui suscite deux approches de la part de la «communauté internationale». En effet, la problématique que pose l'actuel conflit israélo-palestinien et israélo-libanais a les mêmes causes et origines: l'occupation d'une part des territoires palestiniens, d'autre part le maintien d'une force israélienne dans les fermes de Chebaâ après le retrait d'Israël du Sud Liban en mai 2000. Cela pour les actes, comme le fait qu'Israël n'a appliqué aucune résolution de l'ONU, elles sont pourtant innombrables, à l'exception de la résolution (181-II 47) portant partage de la Palestine et la création de l'Etat hébreu. Les grandes puissances réunies samedi et dimanche dans le cadre du G8 à Saint-Pétersbourg ont encore fois fait l'impasse sur les fondements du conflit israélo-arabe, qui reste et demeure l'occupation par Israël des territoires arabes en Palestine, au Liban et en Syrie, pour s'arrêter aux seuls effets de ce contentieux marqué par la violence récurrente qui imprègne la région depuis quatre décennies. Cela fait 21 jours qu'Israël bombarde sans arrêt les infrastructures civiles palestiniennes (ministères, administration et économiques) causant d'importantes destructions matérielles et des victimes (majoritairement civiles) parmi la population mais qui laissent indifférents autant la «communauté internationale» que le G8 qui ignora totalement le volet palestinien du conflit en cours au Proche-Orient. Pour ce qui est du Liban, le G8 et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, appellent à la mise en place d'une «force de stabilisation internationale» quand le moyen de mettre un terme définitif au contentieux israélo-libanais était d'inciter Israël à appliquer totalement la résolution 425 de 1982 lui demandant de se retirer de tout le territoire libanais. Or, la seule façon de désarmer le Hezbollah et de le désintéresser est encore le retrait d'Israël des fermes de Chebaâ, ce qui, par ailleurs, permettra d'enlever les raisons sur lesquelles s'appuie le Hezbollah libanais pour poursuivre la résistance contre l'occupation israélienne. Sans doute que cela est trop simple, voire simpliste, n'entrant pas dans la stratégie d'Israël de domination de la région par le maintien de sources de conflit (fermes de Chebaâ pour le Liban) qui mettent la pression sur ses voisins arabes avec, cycliquement, l'ouverture de fronts comme ceux de la bande de Ghaza, depuis le 28 juin et du Liban depuis le 11 juillet. Aussi, qu'ont fait ces dernières années les Nations unies -dont c'est la raison d'être- et la communauté internationale pour mettre un terme à des situations qui mettent en danger la paix dans le monde, en n'obligeant pas Israël, notamment, à appliquer les résolutions de 1967 et de 1973 lui exigeant de se retirer des territoires palestiniens et syriens (le plateau du Golan). Or, voici qu'Israël réclame l'application par le Hezbollah des dernières résolutions onusiennes sur le Liban, résolutions que lui-même ne s'est jamais donné la peine de mettre en pratique. C'est cela le noeud gordien du problème: comment amener Israël à appliquer les résolutions de l'ONU pour parvenir à une solution globale du conflit proche-oriental. Ne prenant en compte qu'un aspect de la problématique induite par les violences réciproques d'Israël et du Hezbollah, le G8 et l'ONU s'alignent en fait sur Israël. De fait, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a appelé hier les parties en cause à conclure une trêve afin de permettre la mise en place d´une «force internationale» à la frontière israélo-libanaise. M.Annan s'est gardé en revanche de suggérer la mise en place d'une force similaire de ‘'stabilisation'' entre Israël et les territoires palestiniens occupés, ne serait-ce que dans l'optique d'officialiser la ligne de démarcation de juin 1967 en tant que frontière internationalement reconnue comme frontière, après l'armistice de 1949, entre Israël et les territoires palestiniens d'une part, et qui, d'autre part, n'aura pas manqué de clarifier la donne israélo-palestinienne, surtout que l'ONU dispose de toutes les données -les résolutions 181 de 1947, 194 de 1949, 242 de 1967 et 338 de 1973 particulièrement- pour intervenir en ce sens dans le conflit israélo-palestinien si, évidemment, existe la volonté de solutionner le contentieux et mettre un terme à un conflit pendant depuis 1949. Kofi Annan a ainsi affirmé hier à Saint-Pétersbourg que «les combats pourraient se poursuivre un temps (mais) nous devons obtenir des parties concernées qu´elles se mettent d´accord, aussi vite que possible, sur une cessation des hostilités pour nous donner le temps de travailler». Certes! Mais quelles parties a le secrétaire général de l'ONU à l'esprit, qui propose une «force de stabilisation» si l'on excipe du fait qu'Israël refuse de négocier avec le Hezbollah, maître d'oeuvre de la situation induite au Liban par la capture de deux soldats israéliens, et exige le positionnement de l'armée libanaise aux frontières avec Israël? Le Premier ministre britannique, Tony Blair, renchérit de son côté et affirme que «la seule manière de voir une fin de la violence est d´avoir une force internationale déployée dans la zone». Or, les précédentes tentatives ont montré que ces forces internationales ne peuvent rien faire, si ce n'est obtenir une accalmie relative et provisoire, quand la cause initiale du problème, le retrait israélien, n'est pas pris en compte et abordé de front. Cette politique de l'autruche ne sert en vérité ni la paix d'une manière générale, encore moins la sécurité d'Israël laquelle, au bout du compte, reste la seule finalité de toutes ces manoeuvres de la «communauté internationale» quand la création de l'Etat palestinien est indéfiniment remise aux calendes grecques et connotée au compte des «pertes et profits» par ceux-là mêmes qui ont offert protection et impunité à Israël.