La secrétaire générale du PT dénonce la démission de l'Etat dans tous les domaines. «La recrudescence de la violence ces derniers jours a une relation directe avec la loi sur les hydrocarbures», lance Mme Louisa Hanoune, en guise de conclusion d'un long discours qu'elle a prononcé, hier, devant l'Organisation des jeunes pour la révolution (OJR), affiliée au Parti des Travailleurs (PT). Elle y décèle même «la main de l'étranger». Comment? Selon sa praxis, la mondialisation a sa face cachée. On veut faire croire que l'insécurité règne toujours, que les groupes armés qui refusent de déposer les armes ont leurs prolongements hors des frontières nationales, etc. Une lecture, certes, peu argumentée, mais qui laisse perplexes beaucoup d'analystes. «Le peuple s'est prononcé en toute souveraineté le 29 septembre 2005 pour la réconciliation nationale, sans même lire le texte; il s'agit donc d'une solution nationale souveraine. La crise qui a duré 15 ans ne peut se résoudre en 6 mois. Il faut laisser les portes ouvertes», dit-elle, rappelant que son parti a été le premier à avoir pris l'initiative de proposer la prorogation des délais de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Hanoune exprime une satisfaction certaine, lorsqu'elle évoque les amendements apportés à la loi relative aux hydrocarbures, «alors qu'il n'y a pas très longtemps, certains disaient que le choix était irréversible», poursuit-elle, «nous refusons de laisser mourir notre pays par fatalité». Puis, subitement, changeant de ton, elle s'acharne sur Temmar, ministre des Participations, qui «brade les entreprises». Elle cite les cas de la briqueterie de Khemis Miliana, de Socothyd à Boumerdès, de Metal-Steel, du dossier Khalifa, de Halliburton de Dick Cheney, dont l'Algérie vient de décider la révision des contrats, etc. La secrétaire générale du PT estime que la loi sur la Fonction publique, qui voudrait réglementer la contractualisation, présente «un danger pour l'Etat» parce qu'il ne s'agit ni plus ni moins que de «déréglementation». Elle préconise des recours par les conventions collectives et toutes formes de lutte pour préserver la dignité du travailleur, rejetant dans la foulée le concept de «travail décent», tel que prononcé par l'instance onusienne. Comme elle met le doigt sur l'hémorragie des cadres, la privatisation de l'université, l'échec de l'école privée, les salaires indécents, soutient les revendications des enseignants du supérieur, salue les décisions relatives aux augmentations des salaires, même tardives. Sur le plan international, Hanoune n'y est pas allée de main morte. La mondialisation est à l'origine des maux qui rongent l'humanité. Le GMO, annoncé par Condoleezza Rice, pendant que se poursuivait l'agression du Liban, est une catastrophe humanitaire. Elle donne l'exemple du «génocide irakien qui démontre à merveille la démocratisation à l'américaine». Elle compte les résistants à la mondialisation de par le monde. Au Mexique, c'est la gauche qui a gagné, estime-t-elle, contrairement à ce qui est admis par l'opinion publique internationale. Au Tchad et au Venezuela, on remet en cause les contrats pétroliers. En Turquie, il y a une campagne anti-privatisation, en Italie, en Allemagne, en Bolivie et partout dans le monde, les opposants à la mondialisation serrent leurs rangs. La Oumma arabe n'existe pas. «Si cela existe, cela voudrait dire que le Qatar, par exemple, peut s'ingérer dans les affaires de n'importe quel pays arabe» et Dieu sait où est hébergé le Qatar. Ce n'est qu'une chimère...le discours de Hanoune est connu, dira-t-on. Mais les révolutionnaires du PT ont le droit de savoir pour en discuter. Elle déblaie le terrain pour leur donner matière à réflexion. En même temps, elle les invite à s'ouvrir sur les autres courants politiques qui traversent la société. Elle les somme d'être très vigilants parce qu'elle constate la démission de l'Etat dans tous les domaines. «Soit nous empruntons la voie du salut, soit nous laissons les portes ouvertes au gâchis de la mondialisation... Nous devons nous mobiliser contre l'anarchie», conclut-elle.