Il Augure de l'intensité et de l'importance de celui qui s'ouvrira en décembre à Bruxelles. Lahti, ville finlandaise située à quelque cent kilomètres au nord d'Helsinki, accueillera, vendredi prochain, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne pour un Sommet informel consacré à des thèmes majeurs de l'actualité, tels ceux relatifs à la politique énergétique de l'Union et à l'immigration clandestine. Le président russe, Vladimir Poutine, a été convié à ce Sommet pour discuter du renforcement du partenariat stratégique UE-Russie, en particulier dans le domaine énergétique. Dans ce domaine sensible de la coopération russo-européenne, l'UE affronte une double difficulté: la restructuration du secteur de l'énergie dans le sens d'une plus grande libéralisation et l'augmentation de ses besoins et de sa dépendance en la matière. La Russie, principal fournisseur de l'Union avec près de 36% de fourniture en gaz -juste devant l'Algérie- souhaite, au-delà d'une assistance plus poussée de l'Union en matière d'innovation technologique (autre thème de ce Sommet), une attitude moins contraignante de l'Union sur les questions de Tchétchénie, d'Ossétie du Nord et de l'Ukraine que la Russie conçoit comme des restes de sa politique locale. La crise énergétique russo-ukrainienne de décembre 2005 a été révélatrice de la volonté russe d'aller jusqu'au bout pour défendre ses intérêts stratégiques régionaux. Du coup, l'UE tente depuis de concilier ses intérêts vitaux en matière d'énergie avec ceux de sa philosophie des droits de l'homme. Sa diplomatie envers la Russie est conçue sous un autre angle. Conscient de sa force, Vladimir Poutine aborde ce Sommet d'égal à égal. L'autre sujet de cette rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, celui de l'immigration clandestine, tentera de rapprocher les visions des Etats membres sur la manière de gérer le phénomène. Chose pas aisée dans la mesure où les pays les plus exposés aux flux migratoires, notamment ceux de la Méditerranée, vont appeler à la solidarité (financière surtout) des pays du nord de l'Europe. De plus, il va falloir traiter de l'harmonisation des législations nationales en la matière, législations qui différent grandement d'un pays à un autre. Il y a les pays dont l'approche est d'abord et surtout sécuritaire, tels la France, le Portugal ou la Grèce, et les pays qui privilégient une approche sous l'angle du codéveloppement d'abord, tels les pays nordiques, l'Espagne ou l'Italie de Romano Prodi. Ces derniers souhaitent une implication plus directe des pays du sud de la Méditerranée. Par ailleurs, l'UE, confrontée au problème du vieillissement de sa population, avec un taux de croissance démographique des plus faibles de son histoire (et du monde), est écartelée entre ses besoins urgents en main-d'oeuvre étrangère pour son avenir immédiat et le repli de ses citoyens-électeurs face à l'arrivée des immigrés. Le Sommet de Lahti, pour informel qu'il soit, augure de l'intensité et de l'importance de celui, officiel, qui s'ouvrira en décembre à Bruxelles. L'Allemagne d'Angéla Merkel, qui prendra alors la présidence de l'UE, aura la charge de réaliser le compromis sur ces sujets stratégiques pour l'Union.