Le 3/10e de point gagné est significatif de la volonté politique d'endiguer ce phénomène. L'Algérie a gagné 15 places dans le classement de Transparency International (T-I) consacré à l'indice de perception de la corruption (IPC) en 2006 dans le monde. Elle a obtenu la note de 3,1/10e et occupe la 84e place (sur les 163 pays), alors qu'en 2005, elle a été classée au 99e rang avec 2,8/ 10e. C'est ce qu'a révélé, hier, M.Djilali Hadjadj, président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, section de Transparency International, dans une conférence de presse organisée à la Maison de la presse Tahar Djaout. Si l'Algérie a amélioré son score et son classement de 2005 à 2006, ses résultats confirment, selon le conférencier, néanmoins l'existence «d'un très haut» niveau de corruption. Le 3/10e de point gagné est significatif d'une amélioration dans la lutte contre la corruption et d'une volonté politique effective sur le terrain. Selon les auteurs de l'édition 2006 de l'IPC, «ce gain traduit l'engagement de l'Algérie en matière de ratification des conventions des Nations unies et de l'Union africaine contre la corruption». Le transport, l'hydraulique, la construction et la réalisation sont classés parmi les secteurs les «plus corrompus» en Algérie, en plus de certains secteurs de souveraineté nationale. Le recours de plus en plus récurrent au gré à gré dans l'octroi des marchés publics, dans le cadre des programmes de développement économique initiés par le président et dont le montant s'élève à 100 milliards de dinars, «sous le fallacieux prétexte qu'il y a urgence», n'a pas profité à l'Algérie. Pis «il a ouvert les portes grandes aux transactions douteuses». C'est le cas aussi pour les scandales de corruption minant d'autres secteurs stratégiques, comme l'Energie avec, à l'image de l'affaire Brown Root Condor, BRC, et l'entreprise Sonatrach et le ministère de l'énergie, révélée par l'Inspection générale des finances. «Les pouvoirs publics auraient dû très rapidement prendre des mesures conservatoires très fermes à l'encontre des responsables de ces institutions et accélérer les procédures judiciaires», souligne le communiqué de cette ONG. Pour M.Djilali, «le ministre de l'Energie, les directeurs respectifs de BRC et de Sonatrach auraient dû remettre leur démission suite à ce scandale». Un tableau noir est brossé sur le secteur de la santé, à qui on reproche «la surfacturation des factures des médicaments importés». Quelle crédibilité accordée aux discours affichés par le gouvernement pour lutter contre la corruption? s'interroge les rédacteurs du communiqué. La société civile, le secteur économique public et privé, et les pouvoirs publics doivent, sans plus tarder, unir leurs efforts afin de faire reculer ce fléau dont les effets sont de plus en plus dévastateurs en Algérie. Par ailleurs, et paradoxalement, le volume des échanges commerciaux de l'Algérie avec les 10 pays les moins corrompus, sont dérisoires. «L'Algérie se dirige vers les pays les plus corrompus, et les mal classés, à l'image de la Turquie (60e) et la Chine (70e)» L'Indice de perception de la corruption (IPC), publié hier par T-I, s'est basé, en ce qui concerne l'Algérie, sur les résultats de cinq enquêtes. M.Djilali a fait état de rencontres épisodiques avec les autorités algériennes, même s'il reconnaît que ces dernières ne lui ont pas facilité la tâche. Par ailleurs, les résultats de l'IPC 2006 mettent en évidence une forte corrélation entre corruption et pauvreté. Près des trois quarts des pays figurant dans le classement ont obtenu une note inférieure à cinq. On trouve dans cette catégorie tous les pays à revenus faibles ainsi que tous les pays africains du classement, à l'exception de deux. Cela indique que la corruption est perçue comme élevée dans la plupart des pays du monde. 71 pays -près de la moitié des pays analysés- ont une note inférieure à trois, ce qui est le signe d'une corruption perçue comme endémique. Haïti obtient la note la plus faible avec 1,8. La Guinée, l'Irak et la Birmanie partagent l'avant-dernière place avec une note de 1,9. La Finlande, l'Islande et la Nouvelle-Zélande ont la note la plus élevée (9,6). Le 7 décembre, T-I publiera son Baromètre mondial sur la corruption 2006 qui exprime les perceptions des populations sur les degrés de corruption dans les principales institutions, telles que les juridictions, le Parlement ou la police. Le Baromètre est publié en prévision de la Journée mondiale contre la corruption, le 9 décembre 2006.