Deux semaines après la chute de Bachar al-Assad, les délégations étrangères continuent de se succéder à Damas où le nouveau dirigeant syrien a reçu, hier, le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, et une délégation qatarie. Après avoir rencontré, dimanche, Hakan Fidan, le ministre turc des Affaires étrangères, et une délégation saoudienne de haut rang, Ahmad al-Chareh s'est entretenu, hier, avec Safadi, venu exprimer le «soutien» de son pays à la reconstruction de la Syrie, exsangue après 13 ans d'une guerre dévastatrice. Al-Chareh a reçu également une importante délégation du Qatar avec à sa tête le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Mohammed ben Abdelaziz al-Khoulaifi. Safadi est le premier haut responsable jordanien à se rendre en Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad au terme d'une offensive fulgurante d'une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Les deux hommes se sont serré la main, selon des images retransmises par la télévision d'Etat jordanienne Al-Mamlaka qui a fait état de discussions sur les opportunités de collaboration dans divers domaines, tels que le commerce, la gestion des frontières, l'aide humanitaire ou la sécurité. Le responsable jordanien a exprimé son soutien à «un gouvernement qui représente toutes les tendances en Syrie», ainsi qu'à «une nouvelle Constitution», ajoutant que «les pays arabes étaient d'accord pour soutenir la Syrie à ce stade sans aucune ingérence extérieure». La Jordanie, qui borde la Syrie au sud, accueille quelque 680 000 réfugiés syriens qui sont enregistrés auprès du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, mais Amman affirme avoir reçu environ 1,3 million de déplacés par la guerre en Syrie. Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, près de 13 000 Syriens sont rentrés chez eux à travers les frontières jordaniennes, selon le ministère jordanien de l'Intérieur. La délégation qatarie a atterri, lundi, à l'aéroport de Damas, «à bord du premier avion de Qatar Airways à atterrir à l'aéroport syrien» depuis la chute de Bachar al-Assad, a écrit sur X le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari. «Cette visite intervient après une rupture diplomatique d'environ 13 ans due aux tentatives brutales de l'ancien régime de réprimer la révolution du peuple syrien», a indiqué un communiqué du ministère. Elle souhaite «réaffirmer (...) l'engagement indéfectible du Qatar» face au «peuple syrien (...) tout en respectant la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale» du pays, poursuit le texte. Un responsable qatari a indiqué qu'une «équipe technique» accompagne la délégation «pour évaluer la capacité de l'aéroport de Damas à reprendre ses opérations». «Le Qatar a proposé de fournir un soutien technique pour la reprise des vols commerciaux et de fret, ainsi que d'assurer la maintenance de l'aéroport pendant la phase de transition», a ajouté ce responsable. Une source proche du gouvernement saoudien a indiqué, hier, qu'une délégation de haut rang avait également rencontré, dimanche à Damas, Al-Chareh, le premier contact officiel connu entre le gouvernement saoudien et la nouvelle administration syrienne. Le ministère iranien des Affaires étrangères a, de son côté, affirmé, hier, son soutien à la souveraineté de la Syrie après la chute de son allié Bachar al-Assad, tout en affirmant ne «pas (avoir) de contact direct» avec les nouveaux dirigeants syriens. «Notre position de principe sur la Syrie est très claire: préserver la souveraineté et l'intégrité» du pays «et permettre au peuple syrien de décider de son avenir sans ingérence étrangère», a déclaré le porte-parole du ministère, Esmaïl Baghaï, tout en appelant la Syrie à ne pas «devenir un repaire pour le terrorisme». Lors de la conférence de presse, hier, Esmaïl Baghaï a indiqué que l'Iran n'avait «pas de contact direct» avec les nouveaux dirigeants syriens, au lendemain d'une rencontre entre le chef de HTS, Ahmad al-Chareh, et le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, à Damas.